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Qu'est-ce que T411, le site de piratage condamné à rembourser un demi-milliard d'euros?

Disparu en 2017, le site proposait des liens torrent pour télécharger des fichiers. Pendant plusieurs années, il était la bête noire des ayants droit.

Zone Téléchargement, WawaCity, DownParadise, T411… Pendant près d'une décennie, une poignée de sites dominaient le paysage francophone du "warez", c'est-à-dire le partage illégal de films, chansons ou jeux vidéo, protégés par le droit d'auteur.

Apparus au milieu des années 2000 avec l'arrivée de l'ADSL dans tous les foyers, ces sites vont prospérer, au nez à la barbe d'Hadopi, éphémère et inefficace outil de l'Etat pour tenter d'endiguer le piratage.

C'est finalement à partir de 2015 que les sites finissent par fermer les uns après les autres. Parmi eux, T411, dont les administrateurs viennent d'être condamnés à rembourser 489 millions d'euros de dommages-intérêts.

"Les pages jaunes du Torrent"

Créé en 2006, le site est originaire du Québec. Concrètement, il n'a jamais proposé des fichiers illégaux, mais des "trackers", c'est-à-dire des liens qui permettent aux utilisateurs de se transférer des fichiers volumineux via des clients BitTorrent. Encore aujourd'hui, c'est la méthode principale pour télécharger des films ou des jeux vidéo qui peuvent parfois peser plus dizaines de gigaoctets.

Mais le site n'a jamais eu vraiment le temps de prospérer sans être inquiété par la justice. Il est fermé par les autorités canadiennes en 2008. Il s'appelait alors QuebecTorrent et va renaître de ses cendres sous le nom de Torrent411, surnommé "les pages jaunes du Torrent," 411 étant le numéro des pages jaunes au Canada.

Au fil des années, les administrateurs vont habilement changer de noms de domaine, de pays d'hébergement et cloner leur site pour contrer les blocages. Il faut dire que le site (devenu T411) attire au milieu des années 2010 environ un million de visiteurs uniques par mois.

Opération policière

C'est finalement en avril 2015 que la justice française décide d'agir, obligeant aussi les fournisseurs d'accès à internet de bloquer les adresses. Quelques mois plus tôt, son équivalent anglophone, The Pirate Bay, était, lui aussi, mis hors ligne.

En réalité, le site passera encore d'une adresse à une autre pendant deux ans avant que le site ne soit définitivement fermé lors d'une opération de police menée en France et en Suède.

Si des clones de T411 vont apparaître, le site en lui-même ne s'en relèvera pas. Outre les dommages-intérêts, le tribunal correctionnel de Rennes a condamné le co-fondateur (actuellement au Canada) à trois ans de prison et 150.000 euros d'amende et un des administrateurs à 18 mois d'emprisonnement, dont 13 avec sursis.

Thomas Leroy Journaliste BFM Business