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Il est "bien trop tôt" pour une interdiction de TikTok en Europe, selon Margrethe Vestager

La vice-présidente de la Commission européenne rappelle qu’une enquête approfondie est menée par les autorités irlandaises sur le réseau social chinois.

Interdire TikTok en Europe? Margrethe Vestager, la vice-présidente de la Commission européenne, a estimé qu’une telle décision serait prématurée. Néanmoins, l'application chinoise est interdite aux fonctionnaires européens.

"Il est bien trop tôt pour évoquer une interdiction totale", a assuré Margrethe Vestager au cours d’une interview avec le journal L’Express.

Pourtant, de part et d’autre de l’Atlantique, les inquiétudes concernant TikTok sont identiques. Le projet de loi américain, déjà adopté dans l’Etat du Montana, vise à éviter l’envoi de données personnelles des utilisateurs vers Pékin. Surtout que l’application chinoise a reconnu que les informations de ses utilisateurs français étaient consultables depuis la Chine.

Rien n'est fait "uniquement pour le 'fun'"

C’est d’ailleurs tout le but de l’enquête actuellement menée par l’Irlande. Le pays abrite le siège européen de TikTok. Ce sont donc les autorités irlandaises qui sont chargées de découvrir jusqu’où transitent les données personnelles que le réseau social collecte. Le tout au regard du nouveau règlement européen, le Digital Service Act (DSA), en vigueur depuis le mois de novembre 2022.

"Personne ne peut accéder à vos données si vous n’y avez pas consenti. Et TikTok ne peut pas ouvrir le verrou - ce que nous soupçonnons - et laisser entrer le gouvernement chinois", tranche Margrethe Vestager, qui précise que d’autres applications chinoises sont particulièrement scrutées.

La vice-présidente de la Commission européenne a également rappelé les risques encourus lors de toute activité en ligne: écoute, influence, altération de l’état mental. "Rien de ce que vous faites sur les réseaux ne peut l’être uniquement pour le ‘fun’. Cela sert soit les profits d’une multinationale, soit les intérêts d’un Etat", juge-t-elle.

"Ces plateformes sont une menace pour nos démocraties", lance même la Danoise à L’Express.

Bientôt des règles européennes pour l'IA

Margrethe Vestager assure que le Digital Service Act sera appliqué d’ici à la fin de l’automne. Elle se réjouit que les réseaux sociaux soient désormais responsables des contenus qu’ils hébergent: "Pendant trop longtemps, la responsabilité de la modération était reportée sur le consommateur".

Après les plateformes en ligne, elle esquisse déjà un futur défi autour de l’intelligence artificielle. "Nous sommes en train de finaliser au niveau européen un ‘AI Act’", explique la vice-présidente. Ce règlement prévoit notamment d’obliger à indiquer qu’une image a été généré par des modèles d’IA tels que Midjourney ou Dall-E.

Pierre Monnier