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Des chercheurs s'inquiètent de l'usage prolongé des casques de réalité virtuelle sur la vision

Alors que l'utilisation des casques de réalité virtuelle ou de réalité augmentée pourrait devenir la norme, une étude pointe du doigt les potentiels troubles de la vision qu'ils peuvent provoquer.

Apple aurait probablement apprécié meilleure presse le jour du lancement de son casque de réalité mixte, qui allie réalité virtuelle et augmentée. Le Vision Pro doit en effet apporter avec lui le concept de l'ordinateur spatial, et convaincre qu'il est tout à fait possible de travailler et de se divertir en portant un objet d'un peu plus de 650 grammes sur la tête.

Un pari, que vient bousculer un peu une étude menée par les chercheurs de l'université de Stanford, qui pointe du doigt le concept de "passthrough" (le fait que l'utilisateur se retrouve immergé dans son casque sans aucun moyen de voir l'extérieur si ce n'est via des caméras filmant justement ce qu'il y a autour de lui).

Cette particularité permet par exemple de disposer d'un écran de cinéma dans son salon sans en avoir un réellement, mais qui, en cas de session prolongée, peut avoir des effets indésirables, voire permanents, sur la vision de l'utilisateur.

Une altération de la vision

Pour réaliser cette étude, la dizaine de chercheurs s'est réunie afin de passer trois sessions d'environ 140 minutes en portant le Meta Quest 3. Avec lui, ils ont réalisé diverses activités, comme avoir des discussions, réaliser une promenade en extérieure, ou encore manger et faire la cuisine. Ils étaient accompagnés d'un guide pour éviter les accidents.

Mais si dans un premier temps, les sujets de test ont apprécié l'expérience, celle-ci s'est vite révélée problématique, à mesure qu'ils constataient des imperfections dans la manière dont le casque retransmettait la réalité: "Même si le monde que vous regardez est réel, il a certainement des altérations semblables à celles d'un jeu vidéo," déclare Jame Brown, co-auteur de l'étude.

Il prend pour exemple la manière dont les caméras, et donc l'utilisateur du casque, gèrent les distances, et qui sont souvent sous-estimées. Si les chercheurs ont petit à petit appris à faire avec ces problèmes, c'est la persistance de ces habitudes après avoir enlevé le casque qui a ensuite été constaté. "Le scénario le plus plausible pourrait être de descendre un escalier et de manquer une marche, ou de conduire une voiture et de mal évaluer les distances."

Des effets sur le long terme?

Car dans un casque de réalité mixte, virtuelle, ou augmentée, une distorsion se crée inéluctablement, notamment en raison d'une netteté qui n'est pas la même que celle d'une vision au naturel: "Il y a une sorte d'effet de miroir de fête foraine avec des formes et des dimensions d'objets qui ne semblent pas naturelles ou se transforment," notent l'étude. Reste à savoir quels pourraient être les effets sur le long terme.

De plus, l'étude démontre ce que les chercheurs appellent "l'absence sociale", avec des difficultés à discerner les expressions faciales distantes et le fait que les personnes discutant avec un autre portant un casque n'arrivaient pas à accrocher un regard finalement inexistant.

Sylvain Trinel