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"Gestapo woke": pourquoi Elon Musk accuse l'IA de Google de "détester les Blancs"

Le patron de Twitter cumule les tweets visant Gemini, l'intelligence artificielle de Google, après qu'elle a été accusée de sous-représenter les Blancs dans les images qu'elle générait.

"Incroyablement raciste et sexiste": c'est en ces termes qu'Elon Musk désigne l'intelligence artificielle Gemini, créée par Google (baptisée dans un premier temps Bard). Gemini, qui est capable de générer du texte, comme ChatGPT, mais également des images, comme Dall-E ou Midjourney, fait en effet l'objet de vives critiques sur les réseaux sociaux, à commencer par Twitter (X), depuis une dizaine de jours.

Un outil "qui déteste les Blancs"

Le 20 février dernier, un internaute y a publié une capture d'écran de ce qui était présenté comme des images générées par Gemini après une requête réclamant une représentation "de femmes britanniques, américaines, allemandes et suédoises". Les portraits de Gemini affichés représentaient alors quasi-intégralement des femmes à la peau noire ou aux traits asiatiques.

Capture d'écran du compte Twitter @iamyesyouareno
Capture d'écran du compte Twitter @iamyesyouareno © @iamyesyouareno

Sans que l'on puisse attester de la réalité de ces résultats, le tweet publié par l'utilisateur - habitué des critiques du "wokisme" - a été largement partagé. Rapidement, des messages très relayés ont multiplié les critiques visant Gemini, accusant l'intelligence artificielle de Google de sous-représenter les Blancs. Là encore, les attaques les plus massivement relayées émanent de comptes conservateurs.

De son côté, Elon Musk a rapidement repris ces critiques à son compte. Depuis plusieurs années, le milliardaire est en effet habitué des critiques du progressisme et du "wokisme". Dans plusieurs tweets, il a notamment présenté Gemini comme une IA "torturée par la gestapo woke", mais également comme un outil "qui déteste les Blancs" et coupable de sexisme en privilégiant les femmes aux hommes.

Capture d'écran de tweets d'Elon Musk
Capture d'écran de tweets d'Elon Musk © Twitter (@elonmusk)

Si ces critiques ont un fort écho politique, elles sont fondées sur de véritables biais techniques de l'intelligence artificielle de Google, conduisant à des images parfois incohérentes. Car cette diversité a abouti à des résultats pour le moins déroutants, comme la représentation de soldats nazis, là encore à la peau noire ou d'origine asiatique.

Google reconnaît un problème

La situation a conduit Google à présenter ses excuses et à désactiver temporairement la possibilité pour son IA de générer des représentations humaines. Dans le même temps, son patron, Sundar Pichai, a fustigé ces erreurs de conception dans une lettre envoyée à ses équipes.

Les résultats de génération d'images qui ont alimenté la polémique sur l'inclusivité prônée par Gemini, le modèle d'IA de Google.
Les résultats de génération d'images qui ont alimenté la polémique sur l'inclusivité prônée par Gemini, le modèle d'IA de Google. © John L (Twitter/Caputre d'écran)

Mais pour Elon Musk, dont l'engagement politique est de plus en plus marqué, après sa participation à un rassemblement d'extrême-droite à Rome mais aussi des critiques récurrentes de la politique migratoire de Joe Biden, cette polémique est l'occasion de mettre en avant ses propres outils.

Car l'histoire entre Elon Musk et l'intelligence artificielle est loin d'être récente. En 2015, il est justement à l'origine du projet ayant mené à la création d'OpenAI. Parmi ses motivations, le développement d'une intelligence artificielle performante, justement destinée à contrecarrer les plans de Google dans le domaine.

Un projet qu'il quittera en 2018, en raison de divergences avec les dirigeants de l'époque, à commencer par Sam Altman. Au cours des derniers jours, les tweets d'Elon Musk ont également visé OpenAI, là encore accusé d'avoir créé une intelligence artificielle "woke et raciste".

Depuis quelques mois, Elon Musk développe ainsi Grok, son intelligence artificielle générative, censée concurrencer ChatGPT ou Gemini. Pour l'heure, elle accuse toutefois un sérieux retard technique sur ces derniers. Pour Elon Musk, les errements de Gemini constituent donc aussi une occasion de rappeler l'existence de Grok, tout en critiquant la concurrence sans mettre en avant l'écart technologique qu'il doit désormais combler.

https://twitter.com/GrablyR Raphaël Grably Rédacteur en chef adjoint Tech & Co