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"C'est comme si Picasso avait fait un smartphone": premiers pas sans éclat pour le Rabbit R1

Quelques jours après l'arrivée de l'AI Pin sur le marché, qui s'est soldé par des critiques catastrophiques, au tour du Rabbit R1 de montrer ce qu'il a dans le ventre.

L'ère des gadgets IA n'est pas encore venue, mais elle commence doucement son ascension. En quelques jours, les amateurs de ce genre d'appareils ont pu découvrir l'AI Pin, dont les critiques ont été pour le moins catastrophiques, puis le Rabbit R1, petite sensation du CES 2024 - où il n'était pas présent physiquement.

La presse américaine a donc pu mettre la main sur le Rabbit R1 et ainsi donner un avis sur le produit dont l'utilité n'était pas aussi évidente qu'on aurait pu le croire. Il en ressort des avis mitigés, sans véritables éclats, mais néanmoins plus enthousiastes que ceux de l'AI Pin.

Un Picasso à 199 dollars

Car le Rabbit R1 est beaucoup, beaucoup moins onéreux. Vendu 199 dollars et sans nécessité de s'abonner à quoi que ce soit, il est accessible à ceux qui veulent simplement le tester. The Verge a ainsi passé plusieurs heures en sa compagnie et délivre un premier avis à son sujet: "La meilleure manière de décrire le R1 est de dire que c'est comme si Picasso avait imaginé un smartphone, il y a la plupart des fonctionnalités, mais il marche de manière complètement différente."

Que ce soit The Verge, Mashable ou encore iJustine, tous s'accordent à dire que ce qu'il y a de plus réussi s'avère être la partie hardware. Ultra léger avec ses 115 grammes, le petit boîtier arbore une teinte orange vif qui fait ressortir son écran d'un noir profond de 2,88 pouces. Le tout est porté par un processeur MediaTek MT6765, 4Go de RAM et 128Go de stockage: "C'est définitivement orange et c'est très lumineux," lance The Verge, "ce châssis orange vif est une horreur, mais c'est de la nostalgie," résume Mashable, qui compare le design aux jouets de poche des années 90 comme le Tamagotchi.

Les choses sérieuses démarrent néanmoins une fois le Rabbit R1 rechargé et prêt à fonctionner. Il faut d'abord le connecter au WiFi et ouvrir un compte dans le "terrier du lapin", le portail web du R1 accessible depuis un ordinateur. Une fois que c'est fait, un QR Code doit être scanné, et vous voilà prêt à connecter certains de vos comptes comme Spotify, Uber ou Midjourney. Au sein de cette interface, on peut aussi retrouver ses notes, une disponibilité dans le nuage d'informations parfois sensibles qui pose question pour The Verge.

Pour autant, la disponibilité de Spotify est visiblement l'un des grands avantages du Rabbit R1... avec des résultats aléatoires. Quand un journaliste demande "le nouvel album de Beyoncé", l'appareil lui joue Crazy in Love chanté par une personne inconnue et dans une version qui n'est pas l'officielle. Mais d'autres essais ont été plus fructueux. Toutefois, la qualité "médiocre" du haut-parleur rend le tout caduc.

Des promesses toujours des promesses

Autre fonctionnalité du R1, le mode "Vision", qui permet d'utiliser le capteur pour identifier ce qu'il y a en face de vous et vous lister les objets présents dans la pièce ou vous aider à trouver une recette avec ce qu'il vous reste dans le réfrigérateur. Ca fonctionne bien explique The Shortcut, mais ça ne permet pas de faire davantage: il n'est pas possible de prendre des photos et des vidéos. Par ailleurs, même s'il est possible d'y mettre une carte Sim, il n'est pas non plus possible d'envoyer des SMS ou de téléphoner.

Et puis on peut aussi demander des informations au Rabbit R1, grâce à l'intelligence artificielle générative. Sur ce point, il fait mieux que l'AI Pin selon Mashable, qui constate un temps de réponse "plus rapide que prévu". Si les réponses ne sont pas toujours efficaces ou correctes, elles sont rapidement prises en compte "en deux secondes en moyenne", souffle le média américain.

Mais de l'avis général, le Rabbit R1 se heurte lui aussi au mur des fonctionnalités non disponibles à ce stade. On citait les SMS, les appels ou encore la prise de photos, mais Mashable explique qu'il n'est pas non plus possible de traduire une langue étrangère. Le très charismatique patron de Teenage Engineering, qui est derrière le R1, en fait d'ailleurs probablement un peu trop à propos de son gadget, accumulant les promesses à défaut de mieux.

Cependant, contrairement à l'AI Pin, ce que fait le Rabbit R1, il le fait plutôt bien: "L'ensemble des fonctionnalités du R1 est beaucoup plus simple," résume The Verge, tandis que la vidéaste iJustine constate néanmoins que le Rabbit R1 n'a pas la volonté de remplacer les smartphones, mais se justifie en tant que "compagnon vraiment utile". Si on jugera de cet état de fait avec le temps, le gadget IA qui doit révolutionner les usages n'est visiblement pas encore disponible.

Sylvain Trinel