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Comment Starfield, le jeu Xbox de la rentrée, a failli être une exclusivité PlayStation 5

Alors que le jeu sort en exclusivité sur Xbox Series et PC dès ce 1er septembre, Starfield aurait pu terminer sa course aux étoiles sur la seule PS5. Mais Microsoft a sorti le chéquier pour l'arracher.

Starfield est incontestablement le jeu qui fait parler de lui en cette rentrée 2023. Le jeu Bethesda porte sur ses larges épaules toutes les ambitions de Microsoft de proposer enfin une exclusivité qui fasse grand bruit sur ses consoles.

Ce n'est pas faire injure aux Forza Motorsport, Halo et autres Gears of War, les franchises phares des consoles Xbox, que de dire qu'aucune d'elle n'a jamais suscité autant d'attente, autant d'interrogations, ni même sans doute pris autant son temps.

Starfield
Starfield : la promesse est-elle tenue ? avec Maxime Claudel et Alexandre Cortes
30:16

La première licence originale depuis 25 ans

Il faut dire qu’à sa toute première apparition, lors du salon E3 2018, les quelques secondes diffusées avaient fait saliver tous les spectateurs venus assister au showcase Bethesda sans rien dévoiler. Tout simplement le premier jeu promis next-gen (nous étions alors à deux ans de la sortie des PS5 et Xbox Series) et la toute première licence originale de l’éditeur américain depuis 20 ans à l'époque.

Un jeu qui attise toutes les convoitises alors qu’il n’en est qu’à ses balbutiements. Il faudra encore attendre plus de cinq ans avant de le voir débarquer sur Xbox Series et PC ce 6 septembre (le 1er septembre en accès anticipé).

En cinq ans, sa destinée a aussi changé. Et l’on saura aussi si cela a eu des répercussions sur son avenir. En juin dernier, lors de l’audience de Microsoft devant la FTC dans le cadre du rachat d’Activision Blizzard King, Phil Spencer, le patron de Xbox, a expliqué que son entreprise avait racheté ZeniMax Media (propriétaire de Bethesda Softworks, Arkane Studios, Id Software, Tango Gameworks…) pour 7,5 milliards de dollars en 2021 afin d’être sûr que Starfield ne soit pas une exclusivité PlayStation.

Une exclusivité temporaire sur PlayStation

Selon Phil Spencer, c’est même Sony qui manigançait en ce sens. "Lorsque nous avons acquis ZeniMax, l’une des raisons pour cela était que Sony avait conclu un accord pour Deathloop (développé par Arkane Lyon, NDRL) et Ghostwire Tokyo (par Tango Gameworks, NDLR) afin de payer Bethesda pour ne pas expédier ces jeux sur Xbox", avait déclaré Phil Spencer devant la commission. "Nous devions sécuriser le contenu pour rester viables et ne pas prendre encore plus de retard au niveau des exclusivités."

Et, à en croire le journaliste Imran Khan en 2020, bien en a pris à Microsoft. Selon celui-ci, Sony avait négocié "une exclusivité temporaire pour Starfield sur PlayStation" avant que le prix de la négociation ne grimpe en flèche. Et quelques mois après, les premières rumeurs d’un rachat fleurissaient, faisant alors du jeu une exclusivité de la concurrence.

Même à retardement, les propos de Phil Spencer n’ont guère ravi Sony et ses supporters. Ces derniers ont même lancé une pétition en ligne pour que Starfield arrive sur PS5... en exclusivité. Les bons rapports entretenus depuis de très nombreuses années entre Phil Spencer et Todd Howard, souvent aperçu sur la scène des conférences Xbox pour présenter ses jeux avant le rachat, ont sans doute été plus forts que tout.

Avant l’aventure spatiale en approche, le mariage avec Bethesda a donné naissance à sa toute première exclusivité, Redfall. Mais le jeu a suscité plus de critiques que d’enthousiasme, poussant le responsable Xbox à pousser une colère et à exiger des équipes Starfield que le jeu soit impeccable à son lancement.

Moins pénible de ne pas le faire sur PS5

Alors qu’il est paré à un décollage imminent, le jeu de Bethesda affiche déjà de très nombreuses mises à jour : à la veille de sa sortie, le jeu en est à sa version 1.7.23. En comparaison, sorti fin 2020 Cyberpunk 2077, malgré tous ses déboires appartenant désormais au passé, en est "seulement" à sa version 1.6.3.

Starfield devait initialement prévu pour une sortie en novembre 2022, mais les équipes ont préféré, sous la pression sans doute de Microsoft, décaler la fenêtre de tir pour que l’horizon des problèmes potentiels soit bien dégagé. Pete Hines, directeur de l’édition chez Bethesda, a d’ailleurs confié devant la FTC que si le titre avait dû également être développé pour PlayStation, le délai aurait été encore plus long et, étant donné la taille et l’ambition du jeu, beaucoup plus pénible pour les équipes, a ajouté Todd Howard, créateur du jeu.

Starfield n’arrivera donc pas sur PS5, en tout cas pas dans l’immédiat. Mais il va aussi être scruté de près afin de voir si le jeu, au coeur du premier gros chèque signé par Microsoft, justifie l’investissement et le pari tenté. Il se murmure qu'il aurait coûté plus de 200 millions de dollars. Ce sera le premier signe tangible pour le fabricant américain de savoir s'il a l’envergure de ses ambitions dans un monde du jeu vidéo où il continue de se positionner très loin du concurrent japonais aux exclusivités quasi sans faille.

Melinda Davan-Soulas