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Jusqu'à 250 euros par an: Facebook et Instagram ont-ils le droit de vous faire payer?

Depuis quelques heures, les deux plateformes affichent une fenêtre suggérant à l'utilisateur de payer pour éviter que ses données personnelles ne soient collectées.

Êtes-vous prêt à payer 251,88 euros chaque année pour utiliser Facebook et Instagram sans publicité depuis votre smartphone? C'est ce que propose Meta, maison-mère des deux plateformes, à ses utilisateurs depuis ce 6 novembre. Au cours de la semaine, l'ensemble des habitués français (et européens) ont vu (ou vont voir) apparaître un message les obligeant à passer à la caisse pour refuser le pistage en ligne et la diffusion de publicité ciblée.

Sur son site, Meta détaille ses tarifs. Un abonnement payant pour une plateforme (Facebook ou Instagram) coûte 12,99 euros par mois, ou 9,99 euros par mois si l'inscription se fait depuis un ordinateur. Un écart qui s'explique par les 30% de commission pris par Apple et Google sur les achats depuis un mobile iOS ou Android, que Facebook facture intégralement à ses utilisateurs.

Pour ajouter un compte supplémentaire, Facebook vous fait toutefois une ristourne: à partir de mars 2024, vous ne paierez que 8 euros par mois pour ajouter un second compte sans publicité. Par exemple, si vous souhaitez profiter de l'expérience à la fois sur votre compte Facebook et votre compte Instagram. Un prix qui descend à 6 euros par mois si vous passez par un ordinateur pour vous abonner (soit 191,88 euros par an). Avant mars 2024, l'accès au second compte sans publicité est "offert".

Un paiement légal, le montant en question

Mais réclamer une telle somme en contrepartie de l'arrêt de la collecte de données personnelles est-il légal? Pour l'heure, il est impossible de répondre à la question. Dans un arrêt du 4 juillet 2023, la Cour de justice de l'Union européenne a imposé à Facebook de respecter le RGPD (règlement européen sur les données personnelles, en vigueur depuis 2018) après de multiples tentatives de Meta de pister ses utilisateurs sans leur demander leur consentement (et des amendes à la clef).

Mais dans ce même arrêt, la justice européenne concède le droit à Meta d'imposer un paiement aux utilisateurs ne souhaitant pas que leurs données personnelles soient récoltées à des fins de publicité ciblée. Selon cette décision, l'entreprise a donc bien le droit de demander de l'argent à ceux qui ne consentent pas à la collecte de leurs données personnelles.

Toutefois, l'arrêt de la Cour de justice de l'Union européenne précise que cette somme doit être "appropriée", dans le but d'éviter toute somme dissuasive et uniquement destinée à forcer le consentement des internautes à la collecte de données.

Meta étant basé en Irlande pour ses activités dans l'Union européenne, l'affaire est désormais entre les mains du gendarme irlandais des données personnelles, qui devra estimer la pertinence du prix de l'abonnement de Facebook et Instagram.

Parmi les éléments qui pourraient être pris en compte, la somme que rapporte la collecte de données personnelles d'un utilisateur européen: 6 euros par mois, d'après les chiffres officiels de Facebook. Une "surtaxe" importante pour ceux qui refusent cette collecte, qui pourrait pousser les autorités irlandaises à demander au géant américain de revoir son tarif à la baisse.

https://twitter.com/GrablyR Raphaël Grably Rédacteur en chef adjoint Tech & Co