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Face au Sénat, la sœur de Samuel Paty dénonce l'immobilisme de Facebook France

La plate-forme avait été mise en cause, alors qu'une vidéo qui y avait été diffusée sans être modérée avait conduit à l'assassinat du professeur d'histoire.

"Le lieu privilégié de la calomnie et de toutes les propagandes". Entendue par le Sénat ce 17 octobre, Mickaëlle Paty, soeur de Samuel Paty, assassiné par un terroriste islamiste le 16 octobre 2020, a sévèrement dénoncé le rôle des réseaux sociaux dans le drame.

Elle est notamment revenue sur le rôle de Facebook. Sur la plate-forme, Brahim Chnina, qui a depuis été mis en examen pour complicité d'assassinat terroriste, avait publié une vidéo évoquant le professeur d'histoire du collège de Conflans-Sainte-Honorine, en l'accusant à tort d'avoir fait sortir les élèves musulmans de sa classe pour diffuser des représentations de Mahomet.

"Plus de trois mois" pour faire supprimer la vidéo

"Il a fallu plus de trois mois pour que je parvienne, par le biais de mon avocate, à faire supprimer la vidéo de M. Chnina par Facebook France. Étrangement, Pharos, qui avait reçu de nombreux signalements, n'a pas œuvré ou n'a pas pu la faire supprimer" a ainsi déploré Mickaëlle Paty face aux sénateurs.

Si la séquence avait été largement relayée sur Facebook, plusieurs médias ont également évoqué une diffusion dans de nombreux groupes Whatsapp, là encore sans modération de la part de Facebook (maison-mère de Whatsapp).

"Le travail de modérateur de ces médias (les réseaux sociaux, ndlr) semble fortement limité, sans même que nous en comprenions véritablement les critères" a-t-elle ajouté.

Peu après le drame, plusieurs avocats, parmi lesquels Richard Malka, avaient pointé du doigt l'absence de responsabilité pénale des réseaux sociaux dans de telles situations. "Vous pouvez faire toutes les lois que vous voulez. Si vous n'avez personne à poursuivre techniquement, pratiquement, il ne se passe rien" avait-il alors regretté.

Toujours lors de son audition auprès de la commission d'enquête sur le signalement et le traitement des pressions, menaces et agressions dont les enseignants sont victimes, Mickaëlle Paty a par ailleurs déploré les moyens limités de Pharos, la plate-forme de la police dédiée à la gestion des contenus illicites en ligne.

https://twitter.com/GrablyR Raphaël Grably Rédacteur en chef adjoint Tech & Co