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"Il craignait pour sa vie": les menaces envers Samuel Paty sous-estimées avant son assassinat

À l'occasion des trois ans de la mort de Samuel Paty, l'enquête Ligne Rouge de BFMTV de ce lundi 16 octobre est consacrée à ce drame "qui aurait dû être évité". Craignant pour sa vie, l'enseignant était parfois escorté à son domicile par des collègues. Ces derniers témoignent.

Deux hommages se dérouleront dans les écoles ce lundi. L'un en la mémoire de Dominique Bernard, un professeur de lettres assassiné vendredi lors d'une attaque au couteau dans un lycée d'Arras. L'autre pour le triste anniversaire des trois ans de la mort de Samuel Paty, tué dans les mêmes circonstances en 2020, pour avoir montré en classe des caricatures de Mahomet.

Une mort qui aurait pu être évitée selon ses collègues et l'avocate de la famille qui s'expriment dans un Ligne Rouge en trois volets consacré à ce drame, et diffusé ce lundi à 20h50 sur BFMTV.

Samuel Paty avait peur, peur d'être agressé en rentrant chez lui. L'enseignant est obligé de faire les trajets entre son domicile et le collège de Conflans-Sainte-Honorine dans lequel il exerce, à pied: il ne peut utiliser sa voiture car la télécommande qui permet d'ouvrir le parking est défectueuse. Il en attend une autre et écrit d'ailleurs sur son carnet, qu'il garde toujours auprès de lui, un pense-bête à ce sujet. Il note aussi qu'il doit demander de se faire "escorter".

Marteau, capuche, lunettes de soleil

Le professeur sortait de chez lui, vêtu d'un bonnet, d'une capuche et de lunettes de soleil, "en plein mois d'octobre", souligne l'avocate de la famille Virginie Le Roy. Dans son sac, il emportait un marteau.

"Il avait mis un marteau dans son sac à dos pour avoir une arme sur ses trajets entre le collège et son domicile", explique-t-elle.

"Ce marteau révèle trois choses. Un, la réalité de la menace, deux, que Samuel craignait pour sa vie, il avait peur, et trois, qu'aucune autre mesure de protection n'a été mise en place".

Elle ajoute: "Samuel avait pris quelques mesures qui peuvent paraître dérisoires mais qui sont celles d'un homme inquiet, désespéré, d'un homme seul".

"La situation était incandescente"

Ses collèges se sont mobilisés pour assurer sa sécurité, "à leur niveau". "Les seuls outils qu'on avait, c'était de lui proposer de le ramener. Ce qui était fait déjà, on comprend les enjeux mais qu'est ce que l'on peut faire à notre niveau, on est au même niveau que Samuel", témoigne Jérémy, professeur de mathématiques.

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"Au moins deux professeurs se sont proposés de le ramener chez lui jusqu'au fameux jour donc il a quand même reçu une certaine aide", détaille Thibault, professeur de physique-chimie.

Si ses collègues ont fait état du danger, cela ne semble pas être le cas des services de renseignements. "Le 12 octobre, le service des renseignements des Yvelines juge que la situation était apaisée. Alors que la situation était incandescente", affirme Michaelle Gagnet, réalisatrice de Ligne rouge, sur le plateau de BFMTV. "Il y a eu une sous-estimation évidente de la menace". Tant dans l'idée qu'un terroriste puisse venir "d'un autre département" que sur "l'aspect viral des vidéos diffusées pour menacer Samuel Paty".

Juliette Brossault