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Facebook tente de convaincre ses utilisateurs de se faire pister sur iPhone

"Notre communauté continue de croître", a affirmé Mark Zuckerberg en présentant les résultats trimestriels de Facebook.

"Notre communauté continue de croître", a affirmé Mark Zuckerberg en présentant les résultats trimestriels de Facebook. - Facebook

La plateforme lance une campagne publicitaire en prévision des nouvelles mesures de protection de la vie privée d’Apple.

Dans les prochaines semaines, une mise à jour d’iOS obligera Facebook à demander aux utilisateurs leur accord afin des les pister partout sur le Web à des fins publicitaires sur iPhone. Pour tenter de sauver son chiffre d'affaires, le réseau social continue son offensive contre Apple avec une campagne publicitaire en faveur des pubs ciblées et personnalisées, le moteur des revenus des plateformes internet gratuites, que le fabricant de l'iPhone considère comme trop peu transparent et trop gourmand en données confidentielles.

Cours de yoga avec des chèvres

"Les pubs personnalisées offrent à chacun de bonnes idées", scande l'annonce du géant des réseaux sociaux dans une vidéo de promotion dévoilée jeudi.

"Toutes les entreprises démarrent avec une idée, et la possibilité de faire connaître cette idée grâce aux pubs ciblées est essentielle pour les PME", argumente Facebook dans un communiqué, citant des exemples de produits et services qui attirent des personnes et pas d'autres, "comme ce cours de yoga avec des chèvres dont (des consommateurs) ne savaient pas qu'ils avaient besoin".

Le ciblage publicitaire ultra fin à grande échelle, cœur du modèle économique de Facebook et Google notamment, est menacé par la prochaine mise à jour du système d'exploitation mobile iOS d'Apple, prévue pour le printemps, qui va obliger les éditeurs d'applications à faire preuve de transparence sur la collecte et l'utilisation des informations personnelles des utilisateurs.

Ils devront aussi demander aux usagers leur permission pour les suivre à la trace. Les plateformes et applications craignent que les consommateurs, mis face au choix, ne décident en majorité de dire non au pistage.

Quelques avantages, beaucoup de risques

Facebook fonde son argumentation en grande partie sur la défense des PME, qui souffrent déjà de la crise économique liée à la pandémie.

"Limiter le recours aux publicités personnalisées supprimerait un moteur de croissance vital pour les entreprises", a répété le groupe jeudi, assurant aussi que les utilisateurs préfèrent voir des annonces qui les concernent plutôt que génériques.

Si le pistage de Facebook permet d’afficher des publicités plus adaptées aux goûts des consommateurs, il n’est pas dénué de risques pour ces derniers. Par exemple celui de manipulation politique grâce aux données personnelles récoltées, comme l’a révélé l’affaire Cambridge Analytica, mais aussi celui de piratage et de détournement de données, dont a plusieurs fois été victime Facebook.

Au début du mois, Facebook a annoncé qu'il allait diffuser ses propres informations à ses utilisateurs à côté de celles du fabricant de l'iPhone sur la nouvelle fenêtre de consentement qui s'affichera après la mise à jour.

Apple "utilise sa position de plateforme dominante sur mobile pour privilégier ses applications au détriment de la croissance de millions de sociétés dans le monde", s'était emporté Mark Zuckerberg, le patron du réseau social, lors de la présentation aux analystes des résultats trimestriels fin janvier.

"Si une société est fondée sur la capacité à tromper les utilisateurs, sur l'exploitation des données, sur des choix qui n'en sont pas, elle ne mérite pas nos éloges. Elle mérite notre mépris", avait rétorqué peu après Tim Cook, le patron d'Apple, lors d'une conférence à Bruxelles sur la confidentialité des données.
https://twitter.com/GrablyR Raphaël Grably avec AFP Rédacteur en chef adjoint Tech & Co