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Des tableaux créés à l'aide de l'intelligence artificielle exposés à Paris par le collectif Obvious

Le collectif Obvious, pionnier français de la création d'œuvres d'art par intelligence artificielle, présente sa nouvelle série de toiles inspirées des sept merveilles du monde, à la galerie Danysz jusqu'au 14 janvier.

Les intelligences artificielles qui ont envahi les réseaux sociaux et concurrencent les recherches Google vont-elles bientôt s'emparer des galeries d'art? Elles ont en tout cas mis un pied dans la porte, grâce au collectif Obvious: le trio français, précurseur de la création artistique à partir d'algorithmes, expose jusqu'au 14 janvier sa nouvelle série "7.1", inspirée des sept merveilles du monde, à la galerie Danysz.

Après les portraits du Moyen-Âge et les estampes japonaises, le collectif s'est donc attaqué au phare d'Alexandrie et autres jardins suspendus de Babylone. "Avec un historien, on a consulté des textes antiques qui décrivaient l'apparence de ces sept merveilles", explique Pierre Fautrel, membre du collectif aux côtés de Gauthier Vernier et Hugo Caselles-Dupré.

Des tableaux en réalité augmentée

"Puis on s'en est servi pour créer nos prompts", ces suites de mots qui permettent à des intelligences artificielles comme Midjourney ou Stable Diffusion de générer des images. Colosse de Rhodes, pyramide de Khéops et temple d'Artémis prennent ainsi une forme fantasmée, issue du mariage entre l'imagination des artistes humains et la science des algorithmes.

Enfin, le trio a travaillé avec des peintres copistes pour donner une forme tangible à ces images numériques, sous forme d'huile sur toile. "Un rendu physique auxquels les gens peuvent plus facilement se rattacher", note Pierre Fautrel.

Le tableau "Colossus of Rhodes 1.1", créé par le collectif Obvious grâce à une intelligence artificielle
Le tableau "Colossus of Rhodes 1.1", créé par le collectif Obvious grâce à une intelligence artificielle © Obvious

Mais physique ne veut pas dire figé. En scannant les tableaux à l'aide d'une application, les visiteurs peuvent découvrir des versions étendues et animées en réalité augmentée, qu'il est possible d'explorer en déplaçant son smartphone autour de l'image. Des versions augmentées qui sont vendues sous forme de NFT, un secteur dans lequel le collectif est également pionnier – leurs premières œuvres ont été vendues sur la blockchain en 2018.

"La révolution est en marche"

Cette expositions d'art par IA est une des premières au monde à se tenir dans une galerie internationale, mais le collectif Obvious n'en est pas à son coup d'essai. En 2018, le trio avait vendu une toile créée par IA, le Portrait d'Edmond de Belamy, pour 430 000 dollars.

Pierre Fautrel insiste: "Créer avec des algorithmes, ce n'est pas juste 'J'appuie sur un bouton et ça se génère tout seul'." Derrière chaque tableau, ce sont "plusieurs milliers d'images" qui ont été générées. Obvious a même choisi de reprendre la série à zéro par trois fois, à cause de l'apparition de nouvelles IA plus performantes.

"Comme on est des geeks, on aime bien avoir toujours le dernier joujou", s'amuse Pierre Fautrel.

Il faut dire que les techniques ont énormément évolué depuis l'époque du Portrait d'Edmond de Belamy. Le nombre d'algorithmes de texte-à-l'image a explosé ces derniers mois, tout comme leur performance et leur accessibilité.

"C'est une vraie révolution créative qui est en cours", assure Pierre Fautrel.

"La révolution est déjà en marche", abonde Magda Danysz, propriétaire de la galerie. "Il est donc important que ces artistes, qui défrichent des nouveaux terrains, se sentent soutenus et accompagnés dans leurs pratiques."

Luc Chagnon