Tech&Co
Tech

Des caméras "intelligentes" de détection des masques autorisées dans les transports en commun

Des caméras de détection du port du masque avaient été testées l'an passé dans le métro parisien, avant d'être retirées.

Des caméras de détection du port du masque avaient été testées l'an passé dans le métro parisien, avant d'être retirées. - Philippe Lopez

La RATP avait l'an passé coupé court à une expérimentation de suivi du port du masque, lancée dans le métro parisien. Un décret publié au Journal officiel relance la possibilité d'utiliser des caméras de surveillance à des fins statistiques.

Il sont obligatoires dans les transports en commun. Mais dans quelle mesure sont-ils correctement portés? Dans un décret publié au Journal officiel ce jeudi, le gouvernement autorise la mise à profit de caméras de surveillance "intelligentes" (épaulées par des logiciels de reconnaissance d'image) pour évaluer le port du masque dans "les véhicules ou espaces accessibles au public et affectés au transport public de voyageurs", au premier rang desquels ceux de la RATP ou de la SNCF.

De telles caméras avaient été déployées à titre expérimental l'an passé, dans trois marchés ouverts de Cannes mais aussi au sein de la station de métro parisienne Châtelet-les-Halles, avant d'être désactivées. Les voyageurs n'avaient à l'époque aucune possibilité de signifier leur refus^si ce n'est, à Cannes, par un simple hochement de tête, jugé insuffisant par la CNIL pour constituer un réel droit d'opposition. Le suivi réalisé permettait d'obtenir, en temps réel, le nombre exact et le pourcentage de personnes masquées, sans finalité de verbalisation.

Des caméras mises en pause

La solution logicielle utilisée à l'époque était déployée par la société française Datakalab. Pour rappel, l'entreprise travaille à la fois sur un outil de détection du port du masque en temps réel, mais aussi sur un outil complémentaire, qui permet d'évaluer dans quelle mesure ces mêmes masques sont bien portés.

"L'expérimentation menée à Châtelet-les-Halles l'an passé avait permis de montrer que le port du masque était davantage respecté la semaine que durant le week-end, avec des pics aux horaires de bureau, aux alentours de 8h puis aux environs de 17h30", explique le fondateur de l'entreprise, Xavier Fischer, auprès de BFM Tech, en décrivant sa solution comme un "outil en faveur de la réouverture des lieux publics".

La frilosité de la CNIL

La Cnil avait exprimé ses réserves le 17 juin sur ces dispositifs d'analyse d'images, expliquant qu'ils comportaient "le risque de généraliser un sentiment de surveillance chez les citoyens, de créer un phénomène d’accoutumance et de banalisation de technologies intrusives, et d’engendrer une surveillance accrue, susceptible de porter atteinte au bon fonctionnement de notre société démocratique".

Surtout, le gendarme des données personnelles enjoignait "à ne pas "pérenniser les instruments de surveillance par caméras dans les lieux publics ou ouverts au public", afin d’éviter les abus éventuels.

Le décret publié aujourd'hui au Journal officiel prévoit concrètement la possibilité de mettre les réseaux de surveillance vidéo à contribution pendant un an, pour mesurer le respect de l’obligation du port du masque, à des fins "d’évaluation statistique". De quoi permettre à la RATP ou à la SNCF d'ajuster leurs "actions d'information et de sensibilisation du public".

Auprès de BFM Tech, la RATP indique qu'aucune décision n'a à l'heure actuelle été actée quant à la reprise, ou non, de l'expérimentation menée à Châtelet sur la détection du port du masque.

Pas de sanctions prévues

Les perspectives de sanction des usagers de transports en commun en cas de non port du masque, d'après les images enregistrées par les caméras, sont exclues. Aucune donnée susceptible d'identifier des individus ne doit en effet être récoltée, prévient le décret. Le résultat "ne porte que sur le nombre de personnes détectées et le pourcentage de ces personnes qui portent un masque". 

En mai dernier, au premier jour du déconfinement, le port du masque dans les transports avait été respecté à 95% en Île-de-France, d'après des déclarations sur France Inter du secrétaire d'État aux Transports Jean-Baptiste Djebbari.

Le décret précise également le sort des données collectées. Les images enregistrées par les caméras "ne font l’objet ni de stockage, ni de transmission à des tiers", d'après le texte et doivent surtout être "instantanément transformées en données anonymes afin d’établir le pourcentage de personnes s’acquittant de l’obligation de port d’un masque de protection".

https://twitter.com/Elsa_Trujillo_?s=09 Elsa Trujillo Journaliste BFM Tech