Tech&Co
Tech

Comment Google Maps a dévoilé les prémices de l'invasion russe en Ukraine

Un char pro-russe dans la région de Lougansk, en octobre 2014.

Un char pro-russe dans la région de Lougansk, en octobre 2014. - Dimitar Dilkoff - AFP

En observant le trafic routier à proximité des frontières ukrainiennes, un chercheur a mis en évidence d'importants mouvements de la part de l'armée russe.

La guerre entre la Russie et l'Ukraine dure désormais depuis cinq jours. Un universitaire américain, Jeffrey Lewis, a pu déceler des premiers indices de l'arrivée des troupes russes grâce à Google Maps, rapporte le Washington Post. Ce professeur de l'institut Middlebury, à Monterrey (Californie), est spécialisé dans l'étude du contrôle et de la non-prolifération des armes.

Il s'est penché sur l'application Google Maps, qui collecte les données GPS des utilisateurs de ce service -sous réserve que ces derniers l'aient autorisé- pour optimiser son service de cartographie.

En combinant les données de l'outil avec des photos satellite des troupes, le chercheur a mis en évidence les préparatifs de l'invasion, plusieurs heures avant que l'information ne soit rendue publique.

Le trafic comme indicateur

Cette dernière était visible grâce à l'outil "trafic" de Google Maps. En cas d'embouteillage ou de trafic très dense, l'application indique la route en orange ou en rouge.

L'indice qui a mis Jeffrey Lewis sur la voie était une image satellite de convois armés russes, aux alentours de la ville frontalière de Belgorod, à moins d'une centaine de kilomètres de Kharkiv. En associant ces images à des indications d'embouteillages sur Google Maps, il a noté des déplacements de l'armée russe vers la frontière.

Comme on peut s'y attendre, Google Maps affiche un embouteillage lorsque les données de localisation de plusieurs smartphones dans un même périmètre indiquent des déplacements très lents.

Face à l'hypothèse peu probable que les soldats russes utilisent l'application - ce qui leur est interdit depuis 2019, Lewis en a conclu qu'il s'agissait des civils bloqués sur les routes pour laisser passer les convois russes.

La guerre se lit différemment

"Auparavant, on comptait sur les reporters pour nous montrer des images de ce qu'il se passait sur le terrain. Désormais, il suffit d'ouvrir Google Maps et de voir les gens fuir Kiev", analyse Lewis.

Pendant plusieurs jours après l'invasion, il était possible de voir les barrages autoroutiers et la circulation vraimsemblablement très difficile aux alentours de villes ukrainiennes, telles que Kiev ou Kharkiv.

Le conflit entre l'Ukraine et la Russie prend un visage nouveau avec l'utilisation du numérique et de l'opulence d'informations qu'il apporte. Ces dernières peuvent être mises à profit par les deux camps en guerre. C'est d'ailleurs pour cette raison que Google vient de prendre l'initiative de désactiver les données de circulation et de fréquentation en Ukraine, afin de protéger la population.

Victoria Beurnez