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"Ce n'est pas à eux de juger": Bruno Le Maire répond aux influenceurs qui minimisent leurs sanctions

Plusieurs influenceurs épinglés par la DGCCRF début juin ont minimisé les faits pour lesquels ils avaient dû afficher une injonction de cesser leurs pratiques commerciales trompeuses. Ce vendredi, Bruno Le Maire affirme à Tech&Co que "ce n'est pas aux gens qui ont commis des délits d'apprécier si c'est grave ou si ce n'est pas grave".

Bruno Le Maire ne veut pas entendre les justifications des influenceurs. La semaine dernière, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a obligé six influenceurs à afficher une injonction de cesser leurs pratiques commerciales trompeuses sur leurs réseaux sociaux.

Ils s'y sont tous les six pliés, avant de se livrer à des explications auprès de leurs communautés. Dans leurs discours, un point revient sans cesse: ils ont estimé n'avoir rien fait de très grave. "Comme cette injonction est seulement parce que j'ai oublié de mettre le hashtag 'sponsorisé', c'est pas un drame comparé à d'autres personnes qui ont fait des vraies arnaques, des vrais vols. Je n'ai volé personne", a par exemple affirmé Simon Castaldi sur BFMTV le 2 juin.

Des infractions pas si graves?

Bruno Le Maire ne l'entend pas de cette oreille. "Les injonctions, elles ont été fixées par la loi et ce n'est pas aux gens qui ont commis des délits d'apprécier si c'est grave ou si ce n'est pas grave", a déclaré vendredi le ministre de l'Économie à Tech&Co.

"C'est à la loi, c'est à la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes et c'est à la justice" de le faire, a-t-il ajouté, alors qu'il sortait d'un échange avec des influenceurs lors d'une rencontre organisée par l'agence AD Crew.

Parmi les influenceurs épinglés la semaine dernière, Capucine Anav a affirmé être "désolée pour ces erreurs" dans une story Instagram, soulignant néanmoins à ses abonnés que "ce ne sont pas des erreurs qui vous ont impactées." Anthony Matéo a de son côté dit n'avoir "jamais volé qui que ce soit" regretté que la DGCCRF ne se soit pas encore attaquée aux "vrais bandits d’Internet".

Ils ont notamment été sanctionnés pour n'avoir pas indiqué qu'ils effectuaient un partenariat rémunéré après avoir fait la publicité de patchs anti-ondes en assurant une efficacité qui n'a jamais été démontrée, ou encore pour avoir fait la promotion d’injections d’acide hyaluronique réalisées par une esthéticienne (et non un médecin comme le requiert la loi pour ces actes).

"Protéger ceux qui jouent le jeu"

En guise d'avertissement, Bruno Le Maire a rappelé vendredi que les influenceurs qui "trichent avec la loi" encourent des peines allant jusqu'à 300.000 euros d'amende et deux années d'emprisonnement, comme le précise la loi sur l'influence commerciale adoptée par le Parlement le 1er juin.

Le ministère de l'Économie compte faire monter en puissance les contrôles dans ce domaine grâce à la "brigade de l'influence commerciale" de la DGCCRF annoncée en mars - dont les contours restent toutefois très flous, comme l'a expliqué Mediapart ce jeudi.

"Nous, nous voulons protéger ceux qui jouent le jeu", a déclaré Bruno Le Maire à Tech&Co.

Le ministre a aussi souligné que le secteur des influenceurs "crée beaucoup de valeur, beaucoup de richesses pour le pays, permet aussi de faire des recrutements, de créer des emplois". Et que beaucoup de créateurs de contenus suivent les règles depuis plusieurs années.

Et de marteler: "je le redis: tous ceux qui disent, 'ce n'est pas grave ce qu'on a fait', ce n'est pas à eux de juger. Il y a une justice pour ceux-là et nous sommes là aussi pour protéger ceux qui respectent les règles".

Sophie Cazaux