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Aux Etats-Unis, Apple accusé de l'échec du Fire Phone d’Amazon

Le département américain de la Justice accuse Apple d’avoir empêché plusieurs grandes entreprises, dont Amazon et HTC, de se faire une place sur le marché des smartphones avec de nombreuses barrières.

Il y a près de dix ans, Amazon tentait de lancer son propre smartphone, le Fire Phone. L’entreprise américaine s'était cependant retirée du marché des smartphones un an plus tard, en 2015. Selon le département américain de la Justice, Apple serait responsable de ce cuisant échec.

Ayant assigné le géant américain en justice pour des pratiques monopolistiques, le ministère l’accuse d’avoir empêché le succès du Fire Phone et d’autres smartphones en raison de "barrières à l’entrée". "De nombreuses entreprises de renom, bien financées, ont tenté de pénétrer avec succès" ce marché, "mais n’y sont pas parvenues en raison de ces barrières à l’entrée", indique-t-il dans sa plainte.

Barrières de protection

Outre Amazon, qui "n’a pas pu maintenir son activité de manière rentable", le département de la Justice mentionne Microsoft, "qui a abandonné son activité mobile en 2017”, HTC, "qui a quitté le marché en vendant son activité smartphone à Google en septembre 2017" et LG, "qui s’est retirée du marché des smartphones en 2021".

Le Fire Phone d'Amazon
Le Fire Phone d'Amazon © Amazon

Pour le ministère, seuls Samsung et Google se sont imposés comme concurrents significatifs sur le marché américain des smartphones - celui-ci oubliant néanmoins Motorola 3e des ventes. Il note que "les barrières sont si élevées que Google n’est qu’un lointain troisième concurrent d’Apple et de Samsung, malgré le fait que Google contrôle le développement du système d’exploitation Android".

Alors qu’Apple estime que sa part de marché sur le marché américain des smartphones performants dépasse les 70%, le département de la Justice considère que ce chiffre est probablement une sous-estimation de la réalité. Parmi les importantes barrières qui protègent le pouvoir monopolistique de la société, il cite le fait que "moins de 10% des acheteurs de smartphones aux Etats-Unis achètent leur premier smartphone", réduisant ainsi le nombre de nouveaux clients à la disposition des concurrents de l’entreprise.

Des complications pour passer d'un iPhone à un Android

"Au lieu de cela, les rivaux doivent encourager les utilisateurs d’iPhone existants à passer de l’iPhone à un autre smartphone lorsqu’ils remplacent leur téléphone. Par conséquent, les coûts de changement – dont beaucoup sont créés ou exacerbés par Apple – imposent des barrières substantielles à l’entrée et à l’expansion des smartphones rivaux", explique le ministère, ajoutant que "près de 90% des propriétaires d’iPhone aux Etats-Unis remplacent leur appareil par un autre".

Un vendeur dans un Apple Store
Un vendeur dans un Apple Store © Elijah Nouvelage - AFP

La "plateforme iPhone d’Apple" serait également protégée par plusieurs barrières à l’entrée et à l’expansion. Il est par exemple difficile pour un propriétaire d’un iPhone de passer à un smartphone Android, car "il sera confronté à d’importants obstacles financiers, technologiques et comportementaux", selon le département.

"L’utilisateur devra peut-être réapprendre à utiliser son smartphone avec une nouvelle interface, transférer de grandes quantités de données (par exemple des contacts), acheter de nouvelles applications, ou transférer ou acheter de nouveaux abonnements et accessoires", ajoute-t-il.

Or, les coûts de ces changements sont plus élevés lorsque les applications logicielles et d’autres fonctionnalités ne permettent pas une communication et une interopérabilité entre les différents appareils et systèmes d’exploitation, ce qui est le cas avec Apple. Ils rendent ainsi les utilisateurs d’iPhone plus dépendants de l’entreprise, estime le ministère de la Justice.

Kesso Diallo