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Addiction aux réseaux sociaux: Instagram et Snapchat visés par une plainte après le suicide d'un adolescent

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Instagram - Lionel BONAVENTURE / AFP

Aux Etats-Unis, il s'agit de la deuxième plainte en six mois mettant en cause les réseaux sociaux dans le décès d'un mineur.

Les réseaux sociaux Instagram (par le biais de sa maison-mère Meta) et Snapchat sont visés par une plainte pour leur rôle dans la mort d'un jeune américain, rapporte le média spécialisé américain Gizmodo.

Tous deux sont en effet soupçonnées d'avoir "volontairement" créé un environnement néfaste à la santé mentale, ayant conduit, en 2015, au suicide d'un américain de 17 ans, Christopher Dawley, rapporte la plainte.

Celle-ci a été déposée le 11 avril par le Centre juridique des victimes des réseaux sociaux (SMVLC), un organisme qui lutte pour responsabiliser les géants du numérique dans ce type d'affaires.

Négligence des réseaux sociaux

Le SMVLC invoque, dans cette affaire, l'addiction de Dawley à ces plateformes, dont les dispositifs sont "déraisonnables, dangereux et défectueux". Ces termes font référence au manque de moyens mis en oeuvre pour permettre aux utilisateurs, notamment les plus jeunes, d'utiliser les réseaux sociaux de manière raisonnée.

En outre, le Centre pointe du doigt la "négligence" des réseaux sociaux, qui "vendent" des produits "créés pour être addictifs, en dépit des problèmes de santé mentale qu'ils peuvent créer chez les plus jeunes".

La plainte ne concerne d'ailleurs pas que la mort de Christopher Dawley. Elle met en cause, plus généralement, les réseaux sociaux en tant que "terreau fertile aux troubles mentaux de plus de plus récurrents chez les adolescents et enfants aux Etats-Unis".

"Ces entreprises doivent faire le premier pas et créer des environnements sûrs pour les plus jeunes. La plupart d'entre elles ne communiquent pas sur l'impact de leurs produits, et ce manque de transparence empêche parents, utilisateurs et professionnels de prendre des décisions éclairées ou d'identifier des solutions", indique la plainte.

Le centre n'en est pas à sa première plainte. En juillet 2021, Selena Rodriguez, une américaine de 11 ans, s'était donné la mort après deux ans "d'addiction extrême" à Instagram et Snapchat. Un professionnel de santé ayant suivi la jeune fille avait alors déclaré n'avoir jamais été témoin d'un "cas d'addiction aussi sévère", révèle la plainte déposée en janvier dernier.

Dossier épineux

La préservation de la santé mentale des jeunes est un problème de taille pour les réseaux sociaux. Régulièrement confrontés juridiquement, Meta, Snapchat ou encore TikTok proposent ponctuellement des outils pour permettre à leurs utilisateurs de se préserver, dont l'efficacité fait souvent débat.

Toutefois, un grand nombre d'associations et de personnalités politiques tirent la sonnette d'alarme depuis déjà plusieurs années. Les études sur le sujet s'accumulent, recensant les cas de dépression, cyberharcèlement ou encore troubles du comportement alimentaire chez les plus jeunes.

Lors de l'affaire des Facebook Papers, la responsabilité d'Instagram avait d'autant plus été mise en cause. Des rapports internes avaient en effet indiqué que les équipes du réseau social avaient pleinement conscience de son effet néfaste sur les jeunes femmes, précisant qu'"Instagram aggravait les complexes d'une jeune femme sur trois".

Les différentes révélations tendaient alors vers l'idée générale que Meta - alors toujours baptisé Facebook - choisissait le profit au détriment de la santé de ses utilisateurs. Une notion d'ailleurs évoquée dans les deux plaintes du SMVLC.

Victoria Beurnez