YouTube, Netflix: les plateformes partent en guerre contre les internautes qui ne veulent pas payer

Après avoir laissé profiter pendant des années d'un système accessible et avantageux, les plateformes de streaming ont décidé de restreindre les usages. Un jeu à quitte ou double.

Profiter du compte Netflix d'un ami? De l'histoire ancienne. Contourner les publicités YouTube grâce à des bloqueurs? Une pratique qui devrait elle aussi appartenir bientôt au passé. Ces dernières semaines, les plateformes de streaming ont mis le holà à des habitudes bien ancrées chez les internautes du monde entier. 

Envers et contre tous, Netflix a en effet décidé de mettre fin au partage de comptes, suscitant incompréhension et grogne de la part des utilisateurs. Un dispositif qui se déploie peu à peu sur l'ensemble du globe, dont la France. De son côté, YouTube prépare un plan d'attaque contre les internautes qui profitent de son contenu avec un bloqueur de publicités, donc sans regarder les annonces diffusées avant et pendant les vidéos.

Une base solide d'utilisateurs

Ce genre de nouveautés a souvent le don d'agacer les utilisateurs, soucieux de ne pas trop payer pour ces services. Mais après avoir conforté leur statut de leaders sur ces marchés et accumulé une base solide d'utilisateurs, les plateformes profitent d'une position dominante, qui leur permet désormais de faire payer sans trop risquer de perdre des clients.

Pour YouTube, l'objectif est ainsi de promouvoir son service YouTube Premium. Cet abonnement donne plusieurs avantages, tels que la suppression des publicités ou la possibilité de télécharger des vidéos pour les regarder hors connexion.

Il est disponible en France à 11,99 euros par mois, avec une version familiale (5 comptes) à 17,99 euros par mois. YouTube revendique ainsi 80 millions d'abonnés à travers le monde pour ces différents services (y compris YouTube Music). Un chiffre honorable mais qui reste infime comparé aux 2,5 milliards d'utilisateurs actifs mensuels de YouTube.

Ce nombre conséquent d'utilisateurs permet toutefois à la plateforme de ne pas se faire trop de souci. Une très grande majorité des internautes continueront à regarder des vidéos avec des publicités, qui permettent par ailleurs de rémunérer les créateurs de contenus. YouTube profite surtout d'un quasi monopole sur le secteur, avec une concurrence entre autres de Dailymotion, mais qui reste pour le moment imperceptible.

Risque de fuite chez Netflix?

Chez Netflix, l'intention est la même: en finir avec les 100 millions de foyers qui utilisent son service en profitant du compte d'un tiers. La fin du partage de compte a donc acté la lutte contre les resquilleurs et le début d'une nouvelle ère pour la plateforme, qui revendiquait début 2023 plus de 230 millions d'abonnés dans le monde et espérait plus pour les mois à venir.

Comment Netflix veut-il mettre fin au partage de compte ?

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Les données récoltées dans les semaines qui ont suivi sont toutefois mitigées pour le géant du streaming: avec l'arrêt effectif du partage des comptes, plus d'un million d'utilisateurs espagnols ont par exemple fui la plateforme. Mais on constate une tendance inverse aux Etats-Unis: en quelques jours, plusieurs dizaines de milliers de nouveaux comptes ont été enregistrés.

L'entreprise a toutefois pu bénéficier juste avant d'une hausse du nombre d'utilisateurs, notamment grâce au développement de son offre "Essentiel avec publicité" à 5,99 euros par mois. Un premier bilan de cette stratégie pourrait être tiré le 19 juillet prochain, lorsque l'entreprise dévoilera ses résultats trimestriels.

Julie Ragot