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Tags d'étoiles de David: qu'est-ce que Viginum, le service qui a détecté l'ingérence russe?

Le Quai d'Orsay a dénoncé l'ingérence russe après la multiplication d'étoiles de David dans Paris. Une équipe mobilisée sur les réseaux sociaux a remonté le fil.

Une "nouvelle ingérence numérique russe." Ce jeudi, le Quai d'Orsay a dénoncé le rôle de Moscou dans "l'amplification artificielle" des photos des tags représentant des étoiles de David dans Paris. Le ministère des Affaires étrangères soupçonne le réseau russe "Recent Reliable News" (RRN) d'avoir orchestré cette opération de déstabilisation.

Si ce type d'opérations de désinformation n'est pas nouvelle, la rapidité et "le haut degré de confiance" du Quai d'Orsay sur l'implication russe est le résultat du travail de Viginum, le "service de vigilance et de protection contre les ingérences numériques étrangères".

Après l'assassinat de Samuel Paty

Créé en 2001, Viginum est un collectif de spécialistes, rattachés au secrétariat général de la Défense et de la Sécurité nationale, et chargés de "détecter et de caractériser des ingérences numériques étrangères affectant le débat public numérique en France."

Sa création prend ses racines dans les multiples opérations de déstabilisation, notamment de la Russie. En 2017, l'équipe du candidat Macron avait, par exemple, subi un piratage massif avec la publication de mails pendant l'entre-deux-tours. Et à la clé la mise en ligne de ces échanges, parsemés d'éléments créés de toutes pièces.

Mais c'est surtout l'assassinat de Samuel Paty, en 2020, et la campagne antifrançaise qui a suivi sur les réseaux sociaux – la Turquie a été pointée du doigt - qui a convaincu l'Élysée de mettre sur pied une première task force en février 2021. Viginum sera finalement créé quelques mois plus tard.

Vigilance

L'équipe, qui comptera 65 agents d'ici un an, ne cherche pas à contrer les fausses informations, mais à remonter le fil pour trouver les éventuels instigateurs étrangers d'une campagne de déstabilisation.

Pendant la campagne de l'élection présidentielle et des législatives, Viginum a par exemple détecté "60 phénomènes inauthentiques sur les plateformes numériques" et conclu que 5 d'entre eux "ont été caractérisés comme réunissant les critères de définition d’une ingérence numérique étrangère."

Le service reste aussi en "vigilance" sur la question de la guerre en Ukraine ou sur la présence française en Afrique.

Thomas Leroy Journaliste BFM Business