Tech&Co
Réseaux sociaux

Sur internet, les femmes sont plus souvent stéréotypées, moquées et violentées que les hommes

En examinant les 100 vidéos les plus vues de Youtube, Tiktok ou Instagram, le Haut conseil à l'Égalité épingle la place que réservent les réseaux sociaux aux femmes.

Les contenus proposés sur internet ne font pas la part belle aux femmes. Un rapport du Haut Conseil à l'Égalité (HCE) dresse le bilan peu glorieux de Youtube, Tiktok et Instagram. Publié ce mardi 7 novembre, l'instance y montre à quel point les créatrices sont reléguées au second rang sur les réseaux sociaux, derrière les hommes.

Pour dresser son constat, le HCE a étudié les 100 contenus les plus vus sur chacune des plateformes. Premier constat, les créateurs sont majoritairement des hommes, notamment sur Youtube où seulement 8% des vidéos analysées ont été publiées par des créatrices. Si elles bénéficient de davantage de visibilité sur Instagram, elles sont souvent cantonnées à des apparitions à leur domicile.

Les réseaux sociaux proposent une vision tronquée des personnes féminines. Sur Youtube, les étudiantes du Certificat Égalité femmes-hommes et politiques publiques de Sciences Po - qui ont participé au rapport - les ont perçues comme "sentimentale" (18%), "poupée" (16%) ou "naïve" (15%). Le HCE note ainsi une objectification de la femme, notamment à travers certains clips où elles sont présentées avec des cheveux longs ou très maquillées.

Une abondance de femmes enceintes

Le profil type des femmes qui apparaissent sur Tiktok est tout autre. Elles y sont "réservées et calmes" (18%), "hystériques" (16%) ou "séductrices" (13%). Surtout, elles apparaissent en majorité dans des relations conjugales stéréotypées (un tiers des publications).

Sur Tiktok comme sur Youtube, la surreprésentation des hommes est principalement due au caractère divertissant et humoristique des plateformes. C'est d'ailleurs ces points qui ressortent principalement des contenus masculins.

Plus présentes sur Instagram, les femmes y sont également davantage stéréotypées. "Il est important de souligner l'abondance de femmes enceintes ou de mères d'enfants en bas âge parmi les influenceuses les plus populaires de France", note ainsi le rapport du Haut Conseil à l'Égalité.

Sur la plateforme, deux contenus mis en ligne sur trois propagent des archétypes genrés, dont la moitié concernant les femmes. Elles y sont présentées comme "maternelles" dans 29% des cas, "sentimentales" (17%), "séductrices" (14%) et même "poupées" (13%).

Surtout, Instagram est la place des stéréotypes physiques (45% des publications). Parmi eux, les femmes représentent les deux tiers des photos visées, avec de fortes poitrines ou des lèvres pulpeuses, contre seulement un tiers pour les hommes qui s'affichent avec une musculature saillante ou une barbe taillée.

Une valorisation de la violence masculine

Jouant avec les règles de la plateforme en matière de nudité, 30% des images montrent une femme partiellement (21%) ou totalement (9%) nue. C'est seulement 17% pour les hommes. Aussi, le rapport pointe une sexualisation des personnages photographiés dans 23% des publications. Des femmes dans 92% des cas.

Le HCE souligne également que plus de 25% des vidéos Youtube contiennent des propos à connotation sexuelle et 22% des propos sexistes. Ils sont tenus par des hommes dans la grande majorité des cas (82,5%) et souvent lors d'un échange entre deux hommes (60%).

La plateforme de Google serait également le lieu de valorisation d'une violence masculine. Il est ainsi question de rouler vite, conduire sous l'emprise d'alcool ou encore regarder un accident, en prenant l'exemple de la chaîne Vilebrequin, spécialisée dans l'automobile.

Tiktok se spécialiserait dans l'humour dégradant, selon les observations du Haut Conseil de l'Égalité. Une vidéo sur cinq montre une image dégradante de la femme. Quand c'est le cas, elles sont majoritairement humiliées (57%), moquées (25%) ou méprisées (11%).

Quant à Instagram, c'est à travers des scènes de la vie conjugale que les femmes sont dénigrées. Ainsi, 12% des contenus incluent des manifestations de violences physiques, de violences verbales (12%) ou encore de violences psychologiques (4%).

Afin de mettre un terme à ce constat, le Haut Conseil à l'Égalité estime qu'une auto-évaluation annuelle des plateformes devrait être menée à travers un rapport public.

Pierre Monnier