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Quels sont les risques à publier des photos de ses enfants sur les réseaux sociaux?

Utilisation malveillante, non consentement de l'enfant... Publier des clichés de vos bambins en ligne peut comprendre des risques.

Les vacances d'été ont commencé, et nombreux sont les internautes à publier des photos de leur séjour en famille sur les réseaux sociaux. Qu'on soit populaire ou anonyme, la pratique est très répandue: plus de la moitié des parents s'y sont déjà essayés.

Et le PDG de Meta, Mark Zuckerberg, n'échappe pas à la règle. Il a récemment publié une photo de sa femme et ses trois enfants, ayant caché le visage de deux d'entre eux mais pas de son petit bébé de quelques mois. Si l'homme à la tête de Facebook refuse de faire apparaître le visage de ses fillettes sur le web, devrait-il en être de même pour tous les parents? Le fait de publier le visage de ses enfants sur les réseaux sociaux - à partir du moment où ils sont reconnaissables - n'est pas sans risque.

Une pratique préjudiciable

Dans un premier temps, cela leur crée une identité en ligne, une sorte d'historique sur lequel ils n'ont aucun contrôle, et qui pourrait leur porter préjudice à l'avenir, ou tout simplement entraîner un désaccord. Selon la photo, cela pourrait exposer l'enfant à du harcèlement, par exemple.

Mais de plus, fois la majorité atteinte, un enfant peut en effet porter plainte contre ses parents en cas de clichés publiés sans son consentement. En France, c'est le code pénal, et plus précisément l'article 226-1 sur l'atteinte à la vie privée, qui joue dans ce cas. Une telle situation peut entraîner jusqu'à 45.000 euros d'amende et un an d'emprisonnement.

Utilisation malveillante

En dehors de la famille, il y a plus grave. Les photos des enfants peuvent également être exploitées par des services de reconnaissance faciale, ou, pire, des banques d'images pédopornographiques. En période estivale, particulièrement, où les clichés peuvent être à la plage, en maillot de bain, ou tout simplement dans des tenues adaptées à la chaleur, de tels clichés peuvent attirer les prédateurs.

Selon le député Bruno Studer, qui a proposé, en janvier dernier, une loi pour encadrer les publications d'enfants en ligne, "50% des images échangées sur les forums pédopornographiques avait été initialement publiées par les parents sur les réseaux sociaux".

Dans le cas de l'intelligence artificielle, et plus spécifiquement de la reconnaissance faciale, les moyens d'aujourd'hui permettent aisément de retrouver, quelques années plus tard, le visage d'un enfant ayant grandi avec le temps. Si Mark Zuckerberg n'a pas flouté le visage de son bébé, c'est que les discussions au sujet de l'efficacité de l'IA à un tel âge ne sont pas concrètes.

Mais même dans le cas où ce niveau n'aurait pas été atteint, les progrès actuels de l'intelligence artificielle laissent à penser que les techniques de reconnaissance faciale toucheront tous les individus à l'avenir.

La prévention manque

Pourtant, malgré tous ces risques, les réseaux sociaux ne communiquent pas, ou peu, sur la question. Aucun outil de prévention n'est par exemple proposé sur Facebook ou Instagram. On ne trouve pas non plus d'outil pour "flouter" les visages lors du processus de publication de photos. Ce constat est d'autant plus décevant lorsque Mark Zuckerberg lui-même veille à l'intimité de ses enfants sur le web.

Pour éviter de recourir à tous ces risques, quelques bonnes pratiques peuvent être adoptées. Si l'on ne veut pas aller jusqu'à flouter le visage de ses enfants, ce qui reste tout de même le plus sûr, il y a d'autres possibilités.

Par exemple, restreindre les publications seulement à son groupe d'amis. Sur la majorité des réseaux sociaux, il suffit de se rendre dans les paramètres de confidentialité. Sur Instagram, la fonction "Amis proches" lancée en 2018 permet également de publier des stories qui ne sont visibles que par une poignée de gens sélectionnés par l'utilisateur.

Enfin, les photos de famille peuvent également être simplement échangées via des messageries sécurisées, comme WhatsApp, et ainsi ne pas être publiées en ligne.

Victoria Beurnez