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Pour se démarquer de la télé-réalité, 7 agences d'influenceurs créent une fédération professionnelle

Photo prise le 29 mai 2020 dans une villa parisienne de jeunes influenceurs qui postent leurs créations sur TikTok (illustration)

Photo prise le 29 mai 2020 dans une villa parisienne de jeunes influenceurs qui postent leurs créations sur TikTok (illustration) - Philippe LOPEZ, AFP/Archives

Sept agences d'influence marketing lancent officiellement ce mercredi une fédération professionnelle afin de montrer une image positive de ce milieu décrié.

"L'influence, ce n'est pas que ce qu'on a vu", insiste Carine Fernandez, à la tête de l'agence d'influenceurs Point d'Orgue. Cette dernière fait partie des sept agences d'influence marketing qui ont annoncé ce mercredi la création d'une fédération professionnelle: l’Union des métiers de l’influence et des créateurs de contenu (Umicc).

Les agences concernées sont Smile Conseil, Bump, Follow, Point d’Orgue, Reech, Influence4You et Spoutnik, qui représentent plus d'une centaine d'influenceurs, parmi lesquels Squeezie (qui a créé Bump), Paola Lct ou EnjoyPhoenix.

L'idée de créer une fédération professionnelle a émergé en marge de la table-ronde menée par Bercy en décembre autour de l'influence, afin de discuter, entre autres, de l'opportunité de légiférer sur ce secteur. "On s'est rendus compte qu'on pouvait dialoguer et qu'on avait les mêmes idées", explique Carine Fernandez, présidente par intérim de l'Umicc.

"Plus d'éthique et de responsabilité"

Après la forte médiatisation reçue par le secteur en 2022 autour des arnaques promues par certains influenceurs, l'Umicc veut "faire entendre que les parties prenantes du secteur ont envie d'aller vers plus d'éthique et de responsabilité", développe sa présidente.

La fédération souhaite "mettre en place un canal unique de discussion avec les pouvoirs publics", "représenter le secteur auprès du public", permettre une auto-régulation du secteur et proposer des réformes "nécessaires" et donner accès à l'information à des influenceurs qui parfois ne connaissent pas leurs droits et leurs devoirs.

Autre proposition pour accroître la légitimité à ce secteur décrié: la mise en place d'un "label créateur", obtenu après adhésion à l'Umicc et passage du certificat de l'influence responsable de l'Autorité de Régulation Professionnelle de la Publicité (ARPP). Le principal apport du "label" par rapport au certificat de l'ARPP, délivré après une formation sur le cadre légal et éthique de la profession, est qu'il montre, selon l'Umicc, une reconnaissance par les pairs.

Des influenceurs résidents fiscaux en Europe

Selon l'Umicc, 30 "acteurs du marché" ont fait leur demande d'adhésion et 100 créateurs de contenus - pour l'écrasante majorité membre des agences à son initiative - ont "fait part de leur volonté d'adhérer à la fédération". Cette adhésion est soumise à l'approbation d'un conseil exécutif et d'une assemblée générale. Elle est également conditionnée à un point qui n'est pas un détail: l'influenceur en question doit être résident fiscal en Europe, ce qui écarte les influenceurs installés à Dubaï.

Le message est clair: pour redorer l'image du milieu de l'influence, les influenceurs issus de la télé-réalité, dont une partie vit à Dubaï, ne sont pas forcément les bienvenus. Comme le souligne Carine Fernandez, "sur le principe, n'importe qui peut manifester son envie de rejoindre l'Umicc", mais "si on prend l'exemple de Shauna Events, en l'état, [une adhésion] serait incompatible avec le règlement intérieur". L'agence de Magali Berdah est d'ailleurs pour l'instant écartée des discussions organisées par le gouvernement.

Les groupes de travail à Bercy continuent ce mois-ci en parallèle d'une consultation publique lancée par le ministère de l'Économie. L'Umicc y porte des propositions communes, parmi lesquelles l'écriture d'une définition juridique du créateur de contenu et la mise en place de vidéos pédagogiques en partenariat avec l'État sur les règles en vigueur à destination des influenceurs. Les différents travaux menés par le gouvernement doivent donner lieu à une présentation publique en mars avec une annonce des mesures retenues.

Sophie Cazaux