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"Tout est normal maintenant": après Daesh, la vie des enfants rapatriés de Syrie

Depuis 2019, près de 300 enfants ont été rapatriés depuis la Syrie. Pour eux, l'heure est à la reconstruction au sein de leurs familles, qui ont obtenu un droit de garde extrêmement strict de la part des autorités.

Un document exceptionnel. Pendant près d'un an, les journalistes de BFMTV de "Ligne Rouge" sont allés à la rencontre de mineurs nés en Syrie, ou bien emmenés de force dans le pays dès leur plus jeune âge par des parents radicalisés qui souhaitaient rejoindre Daesh, groupe terroriste alors très actif dans la zone à cette époque. Leur documentaire est diffusé ce lundi soir à 20h50 sur BFMTV.

Depuis la chute du califat terroriste en 2019, la France a rapatrié de nombreuses femmes de Syrie, mais aussi 300 enfants qui doivent maintenant être réintroduits en société. La plupart du temps, cette tâche incombe à leur famille proche, dans les cas où celle-ci parvient à obtenir un droit de garde de la justice. C'est le cas de Samira, qui a récupéré ses petits-enfants alors que sa fille a été envoyée en prison dès son retour sur le territoire national.

"Tout est normal maintenant"

Comme elle l'explique à BFMTV, c'est toute une nouvelle vie que ces enfants ont dû apprendre, eux qui ont vu leur éducation faire par un Islam salafiste extrêmement rigoriste, avant d'être enfermés dans des camps de prisonniers aux conditions scabreuses. "Quand ils ont vu tous les jeux ils ont dit: "C'est pour nous?’ Quand ils ont vu leur chambre, un lit et tout ça, ils étaient impressionnés", se rappelle Samira.

"Et les vêtements, quand ils ont vu leur garde-robe, les petites filles adorent les robes, ils ont dit: 'Mamy c’est pour nous tout ca?' Ils étaient comme ça 'oh la robe'", dit-elle en mimant ses petits-enfants faisant défiler les vêtements sur le portant.

Parmi ce nouvel apprentissage, les jeunes enfants ont également dû apprendre à vivre en société et surtout en mixité. "Déjà, ils ne comprenaient pas que les filles et garçons jouent ensemble, je leur ai expliqué et maintenant ils n'ont que des copains et copines", se rappelle Samira.

"La musique, ils ne savaient pas ce que c’était, ils ont commencé à écouter et maintenant c’est normal, tout est normal maintenant", ajoute la grand-mère.

Mesures judiciaires d'investigation éducative

Depuis 2019, la France avait procédé à des rapatriements au compte-goutte de ses citoyens retenus dans les camps, par crainte, notamment, d'éventuels actes terroristes sur son sol.

Après plusieurs condamnations de la CEDH et des Nations Unies, et sous la pression des organisations humanitaires, l'Hexagone a finalement lancé des procédures de plus grande ampleur.

"Dès leur arrivée sur le tarmac de l'aéroport, les enfants sont séparés de leur mère", expliquait en janvier 2023 à BFMTV.com, Me Marc Bailly, l'avocat de familles dont trois enfants ont été rapatriés en mars 2019.

Sur le plan juridique, la ou le juge des enfants en charge du dossier prononce une ordonnance de placement provisoire dans une famille d'accueil. Pendant ce temps, des mesures judiciaires d'investigation éducative sont lancées afin de déterminer si les familles de ces enfants, généralement leurs grands-parents, peuvent les prendre en charge.

https://twitter.com/Hugo_Septier Hugo Septier Journaliste BFMTV