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Police-Justice

Que deviennent les femmes et les enfants rapatriés des camps de prisonniers en Syrie?

15 femmes et 32 enfants ont été rapatriés du camp de prisonniers jihadistes de Roj, en Syrie, ce mardi. Il s'agit de la troisième opération de rapatriement d'ampleur opérée par la France, critiquée pour avoir trop tardé à l'organiser.

Il s'agit de la troisième opération de rapatriement d'ampleur en France. Ce mardi, 15 femmes et 32 enfants, jusqu'ici détenus dans des camps de prisonniers jihadistes dans le nord-est de la Syrie, ont atterri dans l'Hexagone. Pour la plupart, ces Françaises se sont rendues volontairement dans les territoires contrôlés par les groupes jihadistes en zone irako-syrienne. Elles ont ensuite été capturées au moment de la chute de Daesh en 2019, et leurs enfants sont, pour nombre d'entre eux, nés dans les camps.

La France a d'abord procédé à des rapatriements au compte-goutte de ses citoyens retenus dans les camps, par crainte, notamment, d'éventuels actes terroristes sur son sol. Toutefois, après plusieurs condamnations de la CEDH et des Nations Unies, et sous la pression des organisations humanitaires, l'Hexagone a finalement lancé des procédures d'ampleur. Que deviennent ces femmes et ces enfants de retour en France?

Les enfants pris en charge par l'Aide sociale à l'enfance

"Dès leur arrivée sur le tarmac de l'aéroport, les enfants sont séparés de leur mère", explique à BFMTV.com Me Marc Bailly, l'avocat de familles dont trois enfants ont été rapatriés en mars 2019.

"Les mineurs ont été remis aux services chargés de l'Aide à l'enfance (ASE) et feront l'objet d'un suivi médico-social", précise dans un communiqué le ministère des Affaires étrangères qui a piloté l'opération de ce mardi. "Ils vont être présentés à des psychologues et à des médecins afin de déterminer s'ils ont des blessures physiques ou mentales", souligne Me Bailly.

Sur le plan juridique, la ou le juge des enfants en charge du dossier prononce une ordonnance de placement provisoire dans une famille d'accueil. Pendant ce temps, des mesures judiciaires d'investigation éducative sont lancées afin de déterminer si les familles de ces enfants, généralement leurs grands-parents, peuvent les prendre en charge.

Les mères "remises aux autorités judiciaires"

Les petits-enfants de Françoise* ont été rapatriés de Syrie en 2019. Quelques mois après leur placement en famille d'accueil, elle a obtenu un droit de visite, raconte-t-elle à BFMTV.com. D'abord quelques heures, puis des journées entières et des vacances passées ensemble, avant d'obtenir la garde définitive de ses petits-enfants.

"Aujourd'hui, les enfants vont très bien. Ils sont bien intégrés, ils travaillent bien à l'école, ils ont des copains... Ils n'ont plus de suivi psychologique, ils sont apaisés... Un cadre familial sécuritaire et de l'amour leur permettront de se reconstruire", entrevoit cette grand-mère.

Quant aux mères de ces enfants, une fois arrivées en France, elles sont "remises aux autorités judiciaires compétentes", précise le communiqué du Quai d'Orsay. Elles font l'objet de mandats de recherche ou de mandats d'arrêt internationaux et sont placées en garde à vue dans les locaux de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) dès leur sortie de l'avion. Pour la plupart, elles sont ensuite présentées à un juge d'instruction, mises en examen pour "association de malfaiteurs terroriste" et placées en détention provisoire.

*Le prénom a été modifié.

Ambre Lepoivre Journaliste BFMTV