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Société

Soupçons de maltraitances en Ehpad: y a-t-il assez de personnel dans ces établissements?

Les témoignages et plaintes se sont multipliés ces derniers jours, après la parution du livre du journaliste Victor Castanet qui accuse les Ehpad du groupe Orpea de maltraitances sur des personnes âgées.

"On a un ratio en France qui est de l'ordre de 6 encadrants pour 10 résidents" en Ehpad, déclarait Philippe Juvin fin janvier. Interrogé sur Franceinfo, le conseiller santé de Valérie Pécresse dénonçait par ces chiffres le système "maltraitant" de la prise en charge des personnes âgées, dans la lignée de la parution du livre de Victor Castanet, Les Fossoyeurs.

S'ils sont tirés d'une étude de la Drees, ces chiffres regroupent cependant tout le personnel d'un établissement. En ne prenant en compte que le personnel soignant, le constat est encore plus alarmant: en réalité, le nombre de soignants pour dix résidents se rapprocherait de trois.

À cela s'ajoute que, dans les faits, ce chiffre peut être encore plus bas si l'on tient compte des congés et des périodes de formation du personnel, rapporte Camille Anger, directrice d'un Ehpad à Montrouge (Hauts-de-Seine).

"Nous avons (...) de fait chaque jour au chevet du résient, un soignant pour sept à huit résidents", témoigne-t-elle sur notre antenne.

Une heure et demie minimum, recommande un rapport

Un rapport parlementaire publié en 2018 évoque la nécessité de consacrer une heure et demie par jour à chaque résident. "Une heure trente minimale qui est composée de la toilette, de trois repas. Dans tout ça vous n'avez pas les activités, la communication, les promenades...", détaille Caroline Fiat, députée de Meurthe-et-Moselle, co-rapporteure de la mission d'information.

Seulement, le rapport précise que pour tenir cette objectif, il faudrait doubler les effectifs de personnel soignant.

Un manque de soins prégnant

C'est justement ce manque de personnel qui entraînerait le manque de soins pointés du doigt au travers du livre de Victor Castanet. L'une des plaignantes, fille d'une ancienne résidente d'une maison de retraite Orpea, explique que sa mère est restée vingt-quatre heures avec les jambes cassées: "Personne n'a rien entendu (...). Je vais porter plainte pour maltraitance, non-assistance à personne en danger et homicide involontaire".

Face à la multiplication de ce type de témoignages ces derniers jours, le porte-parole du gouvernement a rappelé les "20.000 recrutements prévus" dans le cadre du quinquennat d'Emmanuel Macron.

Pas assez, selon Caroline Fiat, qui estime qu'il faudrait 200.000 embauches pour pouvoir assurer la mobilisation de six soignants pour dix résidents. "C'est ce qu'on demande au minimum en urgence tout de suite", précise-t-elle.

Elisa Fernandez