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Rennes: un boulanger se bat pour conserver son employé sans-papiers et menacé d'expulsion

Le commerçant s'inquiète de perdre son employé qui a suivi un apprentissage de trois ans dans sa boulangerie. Le jeune homme de 20 ans, venu de Guinée, s'est vu refuser un titre de séjour.

Un avenir en suspens. Arrivé en France depuis la Guinée en 2019, Souleymane Barry travaille comme boulanger à Rennes, en Ille-et-Vilaine. Mais le jeune homme de 20 ans, sans-papiers, est menacé d'expulsion. Son employeur se bat pour lui permettre de rester dans l'Hexagone.

"C'est le métier qui me passionne. Dès que je suis arrivé en France, j'ai choisi la boulangerie", confie-t-il à BFMTV.

"J'ai eu la chance d'avoir les patrons comme ceux que j'ai actuellement", souligne ensuite Souleymane Barry avec un grand sourire.

La demande de titre de séjour refusée

Mais depuis plusieurs semaines, le jeune artisan voit son avenir s'obscurcir. Sa demande de titre de séjour a en effet été refusée. Cette situation inquiète le patron de Souleymane Barry qui ne veut pas voir l'un de ses employés, dont il se dit très satisfait, être expulsé.

"Il a été un élément important pour nous pendant trois ans d'apprentissage", salue Olivier Cothenet.

"Aujourd'hui, il est victime d'un problème de papiers, on lui dit qu'il ne peut plus travailler parce qu'il est victime d'une usurpation d'identité au moment où il a embarqué depuis Dakar vers l'Europe", déplore le gérant.

Souleymane Barry pourrait prochainement être concerné par le projet de loi immigration examiné au Sénat à partir du 6 novembre et à l'Assemblée début 2024. L'une de ses mesures concerne la régularisation de travailleurs sans-papiers dans les métiers dits "en tension", c'est-à-dire pour lesquels les employeurs peinent à recruter.

Un "modèle" pour les autres employés

Les clients réguliers de la boulangerie se désolent de cette décision de justice qu'ils jugent regrettable.

"C'est un jeune qui est motivé et qui a envie de travailler donc ça serait dommage de se passer d'une main-d'oeuvre comme ça", estime Ibrahima Mané.

Pour l'un de ses collègues, Luc Chevalier, le départ de Souleymane Barry, qu'il considère comme un "modèle", serait une mauvaise nouvelle pour le commerce. "J'ai fait des ouvertures avec lui le matin, il faisait plusieurs kilomètres en vélo pour venir ouvrir le magasin", se souvient-il.

En juin dernier, les patrons de la boutique ont décidé d'agir pour soutenir leur employé. En plus de proposer un CDI au jeune homme, une pétition a été lancée afin d'alerter le plus de monde possible de la situation de Souleymane Barry. Elle a récolté plus de 28.000 signatures.

Juliette Desmonceaux