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La communauté musulmane condamne l'attentat contre Charlie Hebdo

L'imam de Drancy, Hassen Chalghoumi, s'est rendu sur les lieux de la fusillade à Charlie Hebdo.

L'imam de Drancy, Hassen Chalghoumi, s'est rendu sur les lieux de la fusillade à Charlie Hebdo. - BFMTV

Plusieurs responsables de la commuté musulmane française ont condamné mercredi l'attentat à Charlie Hebdo qui a fait au moins 12 morts. "Nous voulons vivre en convivialité", a rappelé le président du Conseil français du culte musulman, Dalil Boubakeur. "Leur barbarie n'a rien à voir avec l'islam", a dénoncé sur BFMTV l'imam de Drancy, Hassen Chalghoumi.

Les responsables religieux et antiracistes ont condamné mercredi un attentat "barbare" et appelé à prévenir tout amalgame associant l'islam à cette "monstruosité" après la fusillade qui a fait au moins 12 morts, perpétrée aux cris de "Nous avons vengé le Prophète" dans les locaux de Charlie Hebdo.

Venu sur les lieux du drame, l'imam de Drancy s'est montré très ému mercredi. Hassen Chalghoumi a fait part de sa "colère" à l'égard des "criminels", des "barbares", des "satans" qui ont commis l'attentat. Il a tenu à rappeler que "leur haine, leur barbarie n'a rien à voir avec l'islam".

Exprimant une pensée pour les familles, il a rappelé avoir déjà défendu Charlie Hebdo dans le passé: "Si on n’est pas d’accord avec Charlie Hebdo, on répond au dessin par le dessin, à l’art par l’art, à l’écrit par l’écrit, et pas par la haine et le sang." Le responsable musulman en a ensuite appelé "à l’Etat pour s’attaquer à ces sites internet, à ces gens qui manipulent cette jeunesse. On n’en peut plus".

"Dans l'Islam la vie humaine est sacrée"

Au nom des "musulmans de France", le Conseil français du culte musulman (CFCM) a réagi avec une célérité inhabituelle à ce "drame d'ampleur nationale", cette "attaque contre la démocratie et la liberté de la presse". Dalil Boubakeur a dénoncé une "vision absolument erronée, malade, psychopathologique de la religion".

"Nous voulons vivre en convivialité", a souligné le recteur de la grande mosquée de Paris. "C'est contraire à toute notre éthique, à toutes nos valeurs", a dit le président de l''instance de représentation de la première communauté musulmane d'Europe. "Nous n'acceptons pas que ces folies soient la marque des temps actuels", a-t-il également déclaré.

Il a aussi rappelé que "les pays musulmans sont aussi concernés par ce radicalisme " et que "dans l'Islam la vie humaine est sacrée". Il avait dans le passé porté plainte contre le journal satirique, défendant mercredi une "justice normale, argument contre argument", comme il peut en arriver pour d'autres religions ou personnes en cas de désaccords.

"Redoubler d'attention à la fraternité"

Très ému épar cet attentat qui lui a rappelé la tuerie antisémite perpétrée par Mohamed Merah à Toulouse en mars 2012, le grand rabbin de France, Haïm Korsia, a déclaré à l'AFP: "C'est le temps du deuil, on doit se rassembler tous." Les associations antiracistes ont elles aussi appelé à éviter toute confusion, le président de la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme) Alain Jakubowicz estimant que "la crainte est grande de voir de nouveau l'islam désigné comme à l'origine de cette monstruosité". "Il ne faut pas qu'on se trompe de cible", a-t-il fait valoir.

"Dans cette situation où la colère peut nous envahir, nous devons plus que jamais redoubler d'attention à la fraternité, fragilisée, et à la paix, toujours à consolider", a réagi pour sa part le nouveau porte-parole des évêques de France, Mgr Olivier Ribadeau Dumas. Personne ne peut se "prévaloir d'une religion quelle qu'elle soit" pour mener de telles atteintes à la vie humaine, a souligné de son côté le président de la Fédération protestante de France (FPF), François Clavairoly. C'est un acte "de l'ordre de la terreur", il ne faut pas baisser les bras devant "les pièges du terrorisme", a commenté le père catholique Christophe Roucou, directeur du service national des relations avec l'Islam.

Pour le président de SOS Racisme, Dominique Sopo, "ceux qui commettent ce genre de meurtres sont des gens qui espèrent justement qu'il y aura des amalgames, que cela montera les gens les uns contre les autres, et ce serait leur faire un très beau cadeau que de rentrer dans leur jeu".

K. L.