Charlie Hebdo: Tignous, mort d'un caricaturiste à l'humour percutant
Une rédaction décimée. Caricaturiste et auteur de BD caustique et engagé, Bernard Verlhac, dit Tignous, a été tué mercredi dans l'attentat contre Charlie Hebdo, comme trois autres des caricaturistes vedettes du journal satirique: Charb, Cabu, et Wolinski.
Tignous, 57 ans, dessinait pour la presse depuis 1980, traquant la folie du monde avec un humour percutant et un peu désespéré.
"Un dessin de presse, c'est super dur"
"Un dessin de presse, c'est super dur à réussir parce qu'il faut tout mettre dans une seule image. C'est tout le contraire de la BD", disait-il.
Né Bernard Verlhac en 1957 à Paris, Tignous publiait régulièrement dans Charlie Hebdo et Marianne. Il collaborait également à Fluide Glacial, L'Echo des Savanes ainsi qu'à des émissions télévisées avec Laurent Ruquier, Marc-Olivier Fogiel ou Bruno Masure, dans lesquelles ses dessins accompagnaient les débats. Il avait travaillé avec Cabu, Charb et Wolinski.
Ses premiers dessins de presse étaient parus dans L'Idiot international, La grosse Bertha et L'Evénement du jeudi. Après son livre "On s'énerve pour un rien" en 1991, il taclait le capitalisme, les actionnaires et les inégalités sociales en 1999 dans "Tas de riches" (Denoël) et avait fait paraître en 2010 "Le fric, c'est capital".
Pandas
Passionné par l'actualité, Tignous avait retracé le procès Colonna dans un album en 2008 puis sorti sa BD "Pandas dans la brume" en 2010 (Glénat), où il donnait la parole à ces charmantes petites bêtes pacifistes et menacées d'extinction. "En fait, ça a commencé par un communiqué du WWF disant qu'il n'y avait plus que 1.600 pandas. Ça a fait tilt !", racontait-il. "Je me suis rendu compte que tous les thèmes que je traite régulièrement dans mes dessins de presse (la liberté, le patronat-voyou qui délocalise...) tournaient autour du lieu où vit le panda: la Chine". C'est ainsi que les pandas de Tignous cogitent, s'interrogent en croquant leurs bambous, miroir satirique grinçant et hilarant tendu à notre société.
"Il y a plein de choses qu'on peut se permettre dans une BD longue...", expliquait Tignous qui admirait le père de "Corto Maltese", Hugo Pratt.