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Plantes, cailloux, sable... Vous ne pouvez pas ramasser tout ce que vous trouvez sur la plage

Des promeneurs sur une plage de Corse, le 27 décembre 2022 (Photo d'illustration).

Des promeneurs sur une plage de Corse, le 27 décembre 2022 (Photo d'illustration). - PASCAL POCHARD-CASABIANCA / AFP

Sur les littoraux, les écosystèmes fragiles sont protégés par une réglementation qui encadre le prélèvement du sable, des galets ou encore des fleurs.

En ce mois de juillet particulièrement chaud, de nombreux vacanciers ont opté pour un séjour sur les plages de l'Hexagone. Outre la baignade, certains entendent simplement profiter du bon air, tandis que les enfants s'amusent à ramasser ce qu'ils trouvent sur le sable, pour ramener leur précieux butin à la maison.

Mais il s'avère que cette pratique est encadrée par la législation française via l'article L321-8 du Code de l'environnement.

"Les extractions de matériaux sont limitées ou interdites lorsqu’elles risquent de compromettre, directement ou indirectement, l’intégrité des plages, dunes littorales, falaises, marais, vasières, zones d’herbiers, frayères, gisements naturels de coquillages vivants et exploitations de cultures marines", énonce le texte.

Concrètement, il faut s'assurer qu'il est bel et bien autorisé d'emporter tel ou tel élément avant d'en faire un souvenir de vacances.

L'accès libre et gratuit aux plages est certes garanti mais "il existe une réglementation qui protège l’écosystème fragile des littoraux, avec des amendes pouvant être très élevées", peut-on lire sur le site service-public.fr, dans une note datant de 2022.

Sable, coquillages, galets... 1500€ d'amende encourus

Concernant le sable, son glanage est tout simplement interdit sur les plages car "considéré comme une atteinte au domaine public maritime fragilisant les littoraux" selon le Code de l'environnement.

Si dans les faits, les autorités "tolèrent" que l'on en ramasse en faible quantité, mieux vaut se tourner vers le sable dit "éolien", c'est-à-dire celui que le vent a déplacé de la plage à la voie publique, pour constituer un échantillon de votre séjour.

Autrement, tout prélèvement abusif - notamment à but commercial pour le vendre à des collectionneurs appelés "arénophiles" - est passible d'une amende de 1500€. La même somme est imputable aux contrevenants qui chapardent coquillages et galets.

"Sur une plage, les galets protègent la faune et la flore de la houle et de l'érosion", justifie l'administation.

Raison pour laquelle, le fait d'empiler ces pierres, comme on le voit régulièrement sur des publications Instagram, est fortement déconseillé.

"Quand on arrache les cailloux il faut plusieurs années pour reconstruire un tapis végétal constitué de plantes très spécialisées qui résistent aux embruns, à la pauvreté du sol et au piétinement", expliquait Didier Olivry en 2019, alors délégué régional du Conservatoire du littoral, au Télégramme.

En dépit d'un ramassage proscrit depuis 1975 dans la région, au moins la moitié du nombre de galets présents au XIXème siècle en Normandie avait ainsi disparu en 2017 selon Le Parisien.

Les fleurs, à payer au centuple

Pour ce qui est de la botanique, à vos risques et périls. "Les littoraux marins disposent d'une flore spécifique qui ne pousse qu'en bord de mer et qui est classée comme protégée", explique le Service Public.

Couper ces plantes peut ainsi valoir trois ans d'emprisonnement et 150.000€ d'amende pour "atteinte à la conservation d'espèces végétales non cultivées" selon l'article L415-3 du Code de l'environnement.

Autant dire qu'il vaut mieux toucher ces végétaux qui ornent les plages avec les yeux.

Pas de restriction sur le bois flotté et le verre dépoli

À défaut, il est donc préférable de se pencher vers d'autres matériaux pour son "souvenir de vacances". Aucune réglementation officielle n’interdit par exemple la collecte du bois flotté.

Il ne faut cependant pas s'en approprier en excès. En effet, le bois flotté fait partie de ce qu'on appelle la "laisse de mer": l'ensemble des éléments déposés au gré des marées et des vagues sur le continent.

"Quand la laisse de mer n'est pas trop polluée, elle constitue un véritable écosystème qui participe à la vie du littoral, abritant de nombreux micro-organismes qui vivent dans le sable, nourrissant les plantes qui vont contribuer à retenir le sable, ainsi que les insectes, les oiseaux, les crustacés", comme le rappelle l'administration publique.

En revanche, le ramassage de tous les déchets provenant de cette laisse de mer, à l'image du verre poli, sont recommandés pour nettoyer les plages.

Gabriel Joly