"Un crime contre la biodiversité": la possible levée de l'arrêté interdisant d'enlever les posidonies inquiète à Marseille

Un projet d'arrêté, en cours d'écriture par le ministère de la Transition écologique, prévoit de revenir sur l'interdiction du prélèvement des plantes sur le littoral méditerranéen comme la posidonie, pourtant essentielle dans la lutte contre son érosion.

Les herbiers de posidonie vont-ils bientôt disparaître du littoral méditerranéen? Un projet d'arrêté pourrait revenir sur l'interdiction du prélèvement de ces plantes marines sur les rivages, pourtant essentielles dans la lutte contre l'érosion des plages.

Le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires souhaite en effet revenir sur un arrêté en date du 19 juillet 1988 pour modifier la liste des espèces végétales marines protégées sur l'ensemble du territoire national et les modalités de leur protection.

Une "protection naturelle gratuite"

La posidonie, présente sur les plages marseillaises notamment, est donc concernée par ce futur arrêté. Les biologistes marins dénoncent un danger pour la biodiversité alors qu'elle représente un des principaux remparts contre l'érosion des plages.

"L'intérêt de ces banquettes de posidonie -les feuilles qui s'échouent naturellement sur les plages- est de protéger contre l'érosion ces plages de sable. Si elles n'étaient pas là, à chaque hiver, le sable serait entraîné au large", explique la biologiste Sandrine Ruitton, à BFM Marseille Provence.

"Dans une dynamique de montée du niveau marin à laquelle on assiste, c'est une protection naturelle gratuite qu'il faut à tout prix préserver", ajoute-t-elle.

Un projet jugé scandaleux

De son côté, Hervé Menchon, adjoint au maire en charge de la biodiversité marine, a écrit au ministre de l'Écologie, Christophe Béchu. Il dénonce un projet scandaleux. "Permettre de débarasser les plages des herbiers de posidonie, c'est la moitié du chemin vers un crime contre la biodiversité", s'alarme l'élu au micro de BFM Marseille Provence.

Hervé Menchon considère que ce projet est mené par une écoute "trop attentive d'acteurs d'un certain modèle touristique qui vise à libérer le sable de toute herbe, de manière à livrer aux touristes un sable fin blanc".

"Ce type de paysage de sable fin blanc n'est pas le paysage méditerranéen", fustige-t-il.

Chaque été, la ville de Marseille enlève et stocke une partie des feuilles mortes. Elle les redispose ensuite à chaque hiver, en superposant plusieurs couches de posidonie et de sable, pour protéger le littoral.

Thomas Bernabe avec Juliette Vignaud