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Marseille, Paris, Strasbourg... La plus forte mobilisation contre l'antisémitisme depuis 1990

Plus de 182.000 personnes ont manifesté à travers la France ce dimanche, pour dénoncer la recrudescence des actes antisémites depuis les attaques du Hamas en Israël le 7 octobre. Il s'agit de la plus forte mobilisation contre l'antisémitisme depuis la marche de protestation contre la profanation du cimetière juif de Carpentras en 1990.

"L'antisémitisme tue", "antisémitisme = République en danger", "que la loi nous protège". Avec des panneaux pour certains, plus de 182.000 personnes ont manifesté à travers la France contre l'antisémitisme ce dimanche 12 novembre, selon le ministère de l'Intérieur. La préfecture de police a décompté 105.000 participants à la grande marche de Paris.

Il s'agit de la plus forte mobilisation contre l'antisémitisme depuis la marche de protestation contre la profanation du cimetière juif de Carpentras en 1990.

De nombreuses personnalités politiques

De nombreuses personnalités politiques ont participé à ces cortèges à travers la France. À Paris, les deux têtes du Parlement, Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher, à l'initiative de cette marche, ainsi que la Première ministre Elisabeth Borne, les ex-présidents Nicolas Sarkozy et François Hollande ont marché derrière une même bannière.

À leurs côtés se trouvaient des ministres en poste (Gérald Darmanin, Eric Dupond-Moretti...), des ex-chefs du gouvernement, comme Edouard Philippe, et des représentants de cultes.

"On est heureux et rassurés que les Français aient répondu présents", a dit Yaël Braun-Pivet. "Notre ordre du jour, c'est la République", a résumé Gérard Larcher, prônant un "sursaut citoyen" face à l'explosion du nombre d'actes hostiles aux juifs depuis les attaques du Hamas en Israël le 7 octobre et la riposte militaire massive qui a suivi.

Des députés insoumis à Strasbourg

À Strasbourg, plusieurs députés insoumis ont aussi marché, comme François Ruffin, Alexis Corbière, Clémentine Autain et Raquel Garrido. François Ruffin a justifié le choix de marcher à Strasbourg par un appel de la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme) dans le département à se rassembler contre l'antisémitisme et que "les forces d'extrême droite n'y étaient pas les bienvenues, donc ça nous a paru être le meilleur endroit pour manifester".

Le parti avait annoncé plus tôt dans la semaine refuser de prendre part à cette initiative en raison de la présence annoncée de membres du Rassemblement national dans les cortèges. Dans des messages sur X (ex-Twitter), le candidat de LFI à la présidentielle 2022, Jean-Luc Mélenchon, a estimé dimanche que les organisateurs avaient "échoué à reproduire les mobilisations générales du passé", mais qu'ils avaient avaient œuvré au "blanchiment des extrêmes droites".

L'extrême-droite en queue de cortège

Pour la manifestation de Paris, Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher avaient annoncé qu'ils ne défileraient "pas à côté du Rassemblement national". De fait, Marine Le Pen, Jordan Bardella et d'autres membres du RN ont défilé en queue de cortège.

"Nous sommes exactement là où nous devons être", a affirmé Marine Le Pen plus tard depuis les Invalides, fustigeant la "petite politique politicienne" de ses détracteurs qui soulignent depuis plusieurs jours les racines antisémites de son parti.

Les partis de gauche Europe Ecologie-Les Verts, PS et PCF ont eux choisi de s'afficher derrière une banderole commune "contre l'antisémitisme et tous les fauteurs de haine et de racisme" dans une démarche de "cordon républicain" face à l'extrême-droite. Au début de la manifestation, un groupe de militants de l'organisation juive de gauche Golem a ainsi brièvement essayé de s'opposer à la participation du RN, avant que la police ne s'interpose.

L'absence d'Emmanuel Macron remarquée et déplorée

Emmanuel Macron était le grand absent de cette marche. "Je n’ai jamais été à une manifestation quelle qu’elle soit", avait-il justifié samedi, désireux "d'être ferme sur les valeurs" et "d'agir, sinon je peux manifester toutes les semaines".

Le président de la République s'est adressé aux Français samedi soir, par le biais d'une lettre publiée par le journal Le Parisien. Il y a notamment déploré "l'insupportable résurgence d'un antisémitisme débridé".

"Sa présence aurait rendu cet événement encore plus historique", a regretté le responsable du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), Yonathan Arfi.

Avant lui, Joël Mergui, le président d’honneur du Consistoire central de France, a également fait part sur BFMTV d'une "déception de la communauté juive de l’absence du chef de l’Etat". Une déception mentionnée par d'autres participants à la manifestation, comme la descendante du capitaine Dreyfus, Yaël Perl Ruiz.

Marseille, Lyon, Nice...

Dans la journée, d'autres rassemblements ont réuni des milliers de personnes à travers la France. À Nice, près de 3.000 personnes, selon la police, ont participé à un grand rassemblement à l'appel du maire LR de la ville Christian Estrosi et de l'antenne locale du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France).

À Lyon, plus de 3.000 personnes, selon la préfecture, se sont retrouvées place Bellecour, devant la statue du Veilleur de Pierre, mémorial de la résistance française à l'occupation nazie. À Lille, drapeaux français, drapeau arc-en-ciel pour la paix et "Marseillaise" dans un rassemblement de 1.300 personnes, selon les autorités.

Environ 7.500 personnes, selon la police, ont aussi défilé dimanche à Marseille, parmi lesquels le maire divers gauche de la ville, Benoît Payan, le président de la région Provence-Alpes-Côte-d'Azur Renaud Muselier (Renaissance), la présidente de la métropole Aix-Marseille Martine Vassal (LR), la sénatrice LR Valérie Boyer ou encore le sénateur d'extrême droite du parti Reconquête! Stéphane Ravier. La présence de ce dernier a d'ailleurs suscité un incident au début du rassemblement: un groupe de manifestants l'a bousculé et qu'une personne a tenté de le frapper.

Sophie Cazaux avec AFP