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Notre-Dame-des-Landes : les premiers travaux seront repoussés

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De vifs affrontements se sont déroulés à Notre-Dame-des-Landes et à Nantes entre forces de l'ordre et manifestants anti-aéroport qui ont conspué le Premier ministre et le ministre de l'Intérieur.

De vifs affrontements, qui ont fait au moins sept blessés se sont déroulés samedi à Notre-Dame-des-Landes et à Nantes, entre forces de l'ordre et manifestants anti-aéroport qui ont conspué le Premier ministre et le ministre de l'Intérieur.

Le niveau de violence a monté d'un cran samedi. Outre les opposants blessés, un CRS a perdu connaissance après avoir été touché par un pavé devant la préfecture à Nantes, selon le ministère l'Intérieur. Sur le site de Notre-Dame-des-Landes, deux gendarmes et quatre opposants ont été blessés, tous légèrement, a indiqué la préfecture.

Dans le même temps, les premiers travaux de défrichement du site de Notre-Dame-Des Landes, initialement prévus en janvier 2013, devraient être repoussés d'environ 6 mois, trois ministres (Agriculture, Ecologie, Transports) ayant décidé de renforcer les procédures en faveur de l'environnement, selon l'entourage de l'un des ministres.

Travaux retardés

Ces trois ministres ont réaffirmé samedi "la nécessité" de construire l'aéroport. Dans un communiqué commun, les trois ministres, respectivement Delphine Batho, Frédéric Cuvillier et Stéphane Le Foll, ont également confirmé l'"engagement" du gouvernement en faveur du respect des procédures et leur volonté de "conforter les initiatives en faveur du respect de la biodiversité et de la préservation des terres agricoles".

Sur le terrain, les forces de l'ordre ont procédé à neuf interpellations sur le site de l'aéroport. Sept personnes ont été relâchées et deux placées en garde à vue pour port d'arme, dont un engin incendiaire, a-t-on précisé de même source.

>> Valls condamne les violences contre les forces de l'ordre

Ces affrontements sont intervenus au deuxième jour d'une vaste opération d'expulsion lancée vendredi sur le site prévu pour accueillir le nouvel équipement

"Aucune intervention de défrichement" ne sera réalisée "avant validation" par un comité scientifique chargé d'assurer la protection de la biodiversité et des zones humides dans le cadre de la loi sur l'eau, ont précisé les ministres. Initialement, les travaux de défrichement étaient prévus pour débuter en janvier 2013. Cet engagement a été salué comme un "signe d'apaisement" par le sénateur de Loire-Atlantique Ronan Dantec (EELV).

"Ayrault salaud, Valls facho"

Sur le terrain, tant à Notre-Dame-des-Landes qu'à Nantes, les manifestants ont crié leur déception face aux choix du gouvernement. Ils ont conspué le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, maire de Nantes jusqu'à sa nomination à la tête du gouvernement et fervent promoteur à ce titre de ce nouvel aéroport, ainsi que le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, qui avait évoqué un "kyste" vendredi à propos de l'opposition sur le site prévu pour l'aéroport.

Les cris de "Ayrault, salaud, Valls, facho", ou encore "Ayrault, démission", ont retenti à Nantes tandis qu'à Notre-Dame-des-Landes, des opposants non-violents exprimaient leur indignation face au terme de "kyste" employé par Manuel Valls et ressenti comme une insulte.

Dans les deux lieux, les manifestants, souvent des électeurs de gauche, exprimaient leur déception, "immense" pour certains, face à l'épreuve de force engagée par le gouvernement pour imposer ce projet d'aéroport. A Notre-Dame-des-Landes, le nom du Premier ministre est désormais prononcé avec haine, tandis qu'à Nantes, des manifestants se déclaraient "scandalisés par l'attitude du PS" ou par celle des forces de l'ordre sur le site prévu pour l'aéroport.

8.000 manifestants

Les affrontements souvent violents entre forces de l'ordre et opposants se sont poursuivis toute la journée à Notre-Dame-des-Landes, avec notamment l'usage par les manifestants de cocktails Molotov, de fusées de détresse en tirs tendus et de pieds de clôtures en acier.

Mais le préfet de Loire-Atlantique a affirmé que l'objectif des autorités avait été atteint et que ce qui pouvait être détruit l'avait été comme prévu, samedi.

À Nantes, entre 3.200 personnes, selon la police, et 8.000, selon les organisateurs, ont manifesté. Après un moment de grande tension devant la préfecture où des échauffourées se sont produites en fin d'après-midi, les manifestants quittaient les abords de la préfecture aux environs de 19H00.

L'aéroport de Notre-Dame-des-Landes doit normalement remplacer en 2017 l'actuel aéroport Nantes Atlantique.