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Manifestations violentes: 34 interpellations à Nantes et Toulouse

Des échauffourées ont éclaté lors de la manifestation en hommage à Rémi Fraisse ce samedi à Nantes.

Des échauffourées ont éclaté lors de la manifestation en hommage à Rémi Fraisse ce samedi à Nantes. - Capture BFMTV

Des échauffourées ont éclaté lors d'un rassemblement à Nantes contre "les violences policières" et en hommage au jeune militant mort à Sivens le week-end dernier. Des échauffourées ont également éclaté à Toulouse.

De violents affrontements entre manifestants et policiers, samedi à Nantes, ont fait au moins 9 blessés, 6 parmi les manifestants (dont un léger à Toulouse) et 3 parmi les policiers, lors d'un défilé en l'honneur de Rémi Fraisse, le militant écologiste mort il y a 6 jours dans une manifestation. Des échauffourées ont eu lieu à Toulouse et des dégradations à Dijon.

Ces débordements ont donné lieu à 21 interpellations à Nantes et 13 à Toulouse, a annoncé samedi soir Bernard Cazeneuve qui a condamné comme Manuel Valls des "déchaînements de violence délibérée". Le Premier ministre a qualifié les violences d'"insulte à la mémoire de Rémi Fraisse".

"Ces agressions à destination des forces de l'ordre ont conduit aux jets de projectiles, de cocktails Molotov, de balles acides qui ont blessé des policiers et qui auraient pu se trouver à l'origine, une fois encore, de drame", a expliqué Bernard Cazeneuve, saluant le travail des forces de l'ordre.

Jets de projectiles, gaz lacrymogènes

Peu avant 15h45, la manifestation, arrivée au cours des 50 otages, principale artère de la ville, a dégénéré. Les manifestants ont envoyé des projectiles, dont des oeufs et des chaises, vers les policiers qui ont répliqué par d'importants jets de grenades lacrymogènes. Environ 800 personnes selon la police étaient réunies à l'appel de mouvances radicales anti-capitalistes pour "exiger l'arrêt des meurtres et mutilations perpétrées par l'Etat".

Le cortège était parti vers 14h45 de la préfecture, derrière deux banderoles proclamant "Solidarité contre les violences policières" et "22 février, 3 yeux perdus. 26 octobre, un mort", en référence à une importante manifestation qui s'était déroulée le 22 février à Nantes contre le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Plusieurs dizaines de véhicules des forces de l'ordre étaient positionnés en divers points du centre ville.

Regardez les images des incidents à 17 heures:

Certains des manifestants avaient le visage masqué et défilaient aux cris de "La police mutile, la police assassine" ou encore "Flics, porcs, assassins". Passant devant l'important dispositif policier, ils ont scandé "assassins" ou encore "police nationale, milice du capital". "Combien faudra-t-il de mort.e.s pour que nous désarmions enfin la police", questionnaient-ils dans un communiqué, demandant par ailleurs au préfet "de s'engager à ne tuer et à ne mutiler personne samedi". Une banderole, "solidarité contre les violences policières", était accrochée près du rassemblement.

"C'est un jeune camarade qui a été tué par la police, par l'Etat, et on ne peut pas laisser passer ça", a expliqué Annaik, 23 ans, venant de Rennes. "La violence, elle est pas du côté des manifestants, elle est du côté de la police".

"On est venu montrer qu'on n'a pas peur. C'est pas nous qui venons armés, suréquipés. Si eux sont violents, on se défendra", a expliqué Corentin, 18 ans, venu de la région de Nantes.

EELV s'est désolidarisé de l'appel à manifester

Vendredi, le préfet de la Loire-Atlantique, Henri-Michel Comet, a appelé "au respect de la paix publique et à la plus grande vigilance" et annoncé le déploiement d'un dispositif de sécurité "afin de prévenir et de réprimer toute atteinte aux biens et à la sécurité des personnes", après des "débordements inacceptables" lundi soir lors d'une précédente manifestation.

A la suite de ces violences, plusieurs organisations anti-aéroport, dont EELV, mais aussi l'Acipa et le Cedpa, principales associations institutionnelles d'opposants, s'étaient désolidarisées de l'appel à manifester samedi.

Jean-Philippe Magnen s'est dit "consterné" samedi par la dégénération des manifestations lors d'un défilé à Nantes contre les "violences policières", six jours après la mort de Rémi Fraisse. "Des personnes qui n'ont rien à faire de Sivens s'infiltrent dans ces manifestations", a regretté le vice-président EELV de la région Pays de la Loire sur BFMTV. "Il y a des failles dans notre démocratie au-delà de ces violences", a-t-il ajouté.

Echauffourées à Toulouse

Plusieurs manifestations ont également été organusées à Dijon, Toulouse, Lille ou Nice et un sit-in pacifique doit être organisé dimanche à Paris à la mémoire de Rémi Fraisse, décédé après l'explosion d'une grenade offensive lancée par un gendarme.

Des échauffourées ont également éclaté samedi, dans le centre de Toulouse. Vers 17H30, des jeunes gens très mobiles, le visage parfois masqué, harcelaient les CRS par des invectives et des jets de projectiles, en différents points du centre de Toulouse. Les forces de l'ordre chargeaient et faisaient usage de gaz lacrymogènes. 

Vitrines brisées et nombreux tags à Dijon

Des vitrines ont été cassées au marteau et de nombreux tags écrits sur les façades du centre-ville de Dijon. Environ 250 personnes avaient pris part dès 17 heures à ce rassemblement non déclaré dans la rue principale de la capitale bourguignonne, où une compagnie de CRS avait été déployée.

D'autres manifestations sont prévues dimanche dont notamment un "sitting" pacifique à Paris. Dans le Tarn, à Gaillac, une marche blanche silencieuse est également prévue.

V.R. et K. L avec Laëtitia Soudy