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Les vacances à la plage: ces 8 comportements qui exaspèrent les sauveteurs

LES BONNES MANIÈRES EN VACANCES (1/6) - L'été est l'une des périodes les plus compliquées de l'année pour les surveillants de plage, qui doivent s'atteler à faire respecter quelques consignes de prudence et de vivre ensemble à plusieurs milliers de personnes agglutinées sur leurs serviettes.

Les vacances d'été, qui débutent ce samedi pour plus de 6,5 millions d'écoliers, signent le retour des longues journées de farniente et de baignades. À partir de ce week-end, les vacanciers sont attendus en masse sur les plages de la Côte d'Opale, la Côte d'Azur ou du littoral vendéen, d'autant qu'un épisode de forte chaleur est prévu.

L'arrivée de cette vague de juillettistes ne va toutefois pas sans son lot de désagréments pour les surveillants de plage, aux premières loges au moindre pépin. Déchets abandonnés, non-respect des consignes, mises en dangers inutiles, nuisances sonores... Plusieurs d'entre eux ont partagé à BFMTV.com les comportements de vacanciers les plus pénibles sur les plages au beau milieu de l'été.

1. Se baigner où on veut, quand on veut

Non, on ne peut pas se baigner partout et tout le temps. Rares sont les vacanciers qui prêtent attention aux panneaux, au balisage ou aux drapeaux rouges ou jaunes - qui alertent vis-à-vis des vents violents, des vagues ou courants dangereux - et les zones de baignades.

"Certaines personnes vont délibérément se mettre en danger en allant nager hors des zones de baignade surveillées parce qu'elles veulent être tranquilles dans les zones sauvages", regrette Jean-Baptiste Cardez, chef de poste sur la plage des Océanides à Capbreton (Landes), interrogé par BFMTV.com.

"Les plus pénibles sont ceux qui ne veulent rien savoir sous prétexte que 'c'est leurs vacances, ils font ce qu'ils veulent'", ajoute le surveillant.

"C'est prendre un certain niveau de risque, comme le hors piste au ski", poursuit-il. "En nageant dans les zones surveillées, on élimine 99% des problèmes."

Un panneau indiquant "baignade interdite" le 26 août 2009 sur la plage des Salins sur la commune de Saint-Tropez.
Un panneau indiquant "baignade interdite" le 26 août 2009 sur la plage des Salins sur la commune de Saint-Tropez. © CHRISTIAN ALMINANA

2. Surestimer ses capacités physiques

Même dans les zones surveillées, beaucoup de nageurs ont tendance à surestimer leurs capacités physiques, ou n'ont tout simplement pas la notion du danger. "On voit régulièrement des adultes ou des adolescents qui s'aventurent trop loin dans l'eau", témoigne Jean-Baptiste Cardez.

"Ils veulent absolument aller jusqu'à la bouée qui se trouve à 300 mètres, et qui se retrouvent en difficulté parce qu'ils oublient qu'il faut aussi revenir, et qu'au final il faut nager 600 mètres."

Ces imprudences valent pour la natation comme pour les autres activités nautiques telles que le surf. "Lorsqu'on pratique une activité pour la première fois, c'est exactement comme pour le ski, on reste dans les zones surveillées et on y va progressivement afin de ne pas se mettre en danger", insiste-t-il.

3. Ne pas respecter le règlement de la plage

À la haute saison, difficile pour les surveillants de baignade de faire respecter les arrêtés municipaux qui réglementent l'accès aux plages.

"Ce n'est pas notre mission principale et ça nous fait perdre pas mal de temps", insiste Jean-Baptiste Cardez. "Quand on est occupés à faire des rappels à l'ordre, on n’est pas concentrés sur la sécurité des baigneurs."

À Fort-Mahon (Somme) par exemple, les chiens, les cerfs-volants, parapentes, drones, feux et barbecues et les vélos sont strictement interdits sur la plage. Mais chaque semaine, des dizaines d'estivants outrepassent le règlement.

"On sait que ce n'est pas forcément volontaire", confie à BFMTV.com Charlie Michaud, surveillant sur cette plage populaire du littoral picard, mais aussi en Bretagne ou dans le Sud de la France. "Les gens n'ont simplement pas le règlement en tête, ou ils ne prennent pas le temps de le lire à l'entrée de la plage."

L'idée n'est pourtant pas d'ennuyer les baigneurs: le sauveteur en mer rappelle que l'encadrement de ces pratiques vise simplement à veiller au "bien vivre ensemble", à éviter d'importuner certains plagistes. En effet, la mauvaise gestion d'un cerf-volant en période de forte affluence peut blesser, tout comme un chien non tenu en laisse risque d'ennuyer des vacanciers. Sans parler du risque sécuritaire engendré par les flammes d'un barbecue.

4. Laisser ses mégots, canettes et sachets dans le sable

L'été, il ne se passe pas un jour sans qu'un groupe ne quitte la plage en laissant ses déchets derrière lui. Emballages, tubes, sachets en plastique, cannettes ou encore mégots de cigarettes... Les groupes qui pique-niquent peuvent avoir tendance à oublier ou égarer des emballages de nourriture dans le sable, sans parler de ceux qui n'ont juste pas le courage de se déplacer jusqu'à une poubelle pour jeter leurs déchets.

"La plupart des sauveteurs qui travaillent sur les plages sont très attachés et sensibles à la question environnementale", note le surveillant de plage de Capbreton.
Un mégot de cigarette dans le sable.
Un mégot de cigarette dans le sable. © Flickr - CC Commons - waferboard

Ces comportements, en apparence anodins, ont des conséquences désastreuses sur les eaux de la mer. Pas moins de 12 millions de tonnes de déchets finissent dans les océans chaque année, rappelait en mai dernier Diane Beaumenay-Joanne, de l'ONG Surfrider Foundation Europe, précisant que ce chiffre pouvait être amené à "tripler d'ici à 2060".

5. Imposer sa musique aux autres

La musique à fond à la plage, qui s'est répandue depuis la démocratisation des mini-enceintes Bluetooth sans fil, est loin de faire l'unanimité chez les surveillants de plage. "Quelle plaie!", s'agace Vincent Roy, surveillant de baignade depuis une dizaine d'années à Fort-Mahon (Somme). "Aujourd'hui elles ne sont plus très chères, elles sont résistantes à l'eau et de plus en plus puissantes, donc on les voit partout."

"C'est du bon sens, vos voisins de serviette n'ont pas forcément les mêmes goûts musicaux que vous", déplore le sauveteur en mer.

"Et puis c'est très souvent dérangeant, ça vient perturber la tranquillité et la sérénité des autres vacanciers. Certains viennent à la plage pour dormir, avoir un peu de calme. D'autres essaient de faire dormir leurs enfants".

Il rappelle que mettre la musique à fond est interdit sur un certain nombre de plages du littoral français. Pour rappel, l’amende forfaitaire pour une nuisance sonore - qui serait donc intense, répétée ou longue - s'élève à 68 euros.

"Nous-même, on essaie de ne pas abuser des messages à la sono, car on est dans une démarche de tranquillité", commente également Jean-Baptiste Cardez.

6. Ne pas surveiller ses enfants

"Mesdames, Messieurs, le petit Guillaume attend ses parents au poste de secours!" À cause de la foule et de l'immensité de certaines plages, les enfants qui échappent à la vigilance de leurs parents sont nombreux sur le littoral.

"Les enfants, ça va tellement vite que ça nous arrive constamment. Au moins une fois par jour en période de forte affluence, et ça peut aller jusqu'à 20 enfants perdus par jour parfois", commente le surveillant de plage Vincent Roy.

Selon lui, "c'est un problème qui se résout assez vite à l'aide d'un appel aux micros" qui sont répartis le long de la plage, mais qui "empiète sur le travail de sauvetage aquatique" des agents du poste de secours, qui requiert une attention et une concentration maximales.

Des vacanciers en train de profiter de la plage d'Argelès-sur-mer en juillet 2015.
Des vacanciers en train de profiter de la plage d'Argelès-sur-mer en juillet 2015. © REMY GABALDA

Pour éviter que les enfants et adolescents ne s'égarent et ne provoquent la panique, Vincent Roy rappelle qu'un adulte doit constamment les avoir à l'œil, tout particulièrement quand ils vont se baigner ou sont proches de l'eau. Un bracelet avec le numéro de téléphone des parents autour du poignet peut également être une solution efficace.

Il conseille aussi de les sensibiliser à la surface de la plage, et de leur donner des repères visuels afin qu'ils se souviennent de l'endroit où sa famille est installée. "C'est tout simple mais ça marche", assure-t-il.

"Il suffit de leur dire qu'en cas de problème, vous vous retrouvez au camion à glaces ou à côté de la statue de la pieuvre, et ils vont le retenir."

7. S'alcooliser jusqu'à semer la pagaille

La consommation d'alcool, interdite sur un certain nombre de plages, est difficile à appréhender pour le personnel chargé de la surveillance.

"C'est impossible pour nous de contrôler 10.000 personnes", commente Vincent Roy. "Nous, ça ne nous pose pas de problèmes tant que les vacanciers ne sont pas alcoolisés au point de semer la pagaille. Quand ils embêtent d'autres gens et que cela crée des disputes, là ça devient pénible."

"Les rares bagarres auxquelles on a affaire, il s'agit la plupart du temps de personnes sous l'emprise de l'alcool", note le surveillant de plage.

8. Se laisser surprendre par la nature

Quand on s'aventure sur un site maritime, même une simple plage, il n'est pas accessoire d'avoir un minimum de connaissance et de respect pour cet environnement.

"À Fort-Mahon, on a très régulièrement des gens qui ont une méconnaissance totale du système de marées. Ils viennent par exemple nous voir pour se plaindre que la mer soit si loin de la digue", relate le sauveteur en mer Charlie Michaud.

"Je ne recommande pas de s'aventurer dans un nouvel endroit sans s'être un mimimum renseigné sur ses spécificités", ajoute son collègue Vincent Roy.

À certains endroits, il est par exemple interdit de fréquenter les dunes qui donnent sur la plage pour des raisons d'érosion ou d'avancement de la plage en ville. Il peut également y avoir un danger lorsque les vacanciers ignorent l'existence du phénomène des bâches, ces cuvettes d'eau qui apparaissent sur les plages quand la mer se retire.

"Ça arrive très souvent que les gens se fassent encercler sur un banc de sable à marée haute parce qu'ils ne savent pas ce que c'est", raconte cet homme, qui explique que lui et ses collègues essaient désormais de "faire de la prévention automatique" afin d'éviter de telles situations.

Un jeune homme en train de plonger avec un tuba et des palmes (Photo d'illustration).
Un jeune homme en train de plonger avec un tuba et des palmes (Photo d'illustration). © Flickr - CC Commons - David

Enfin, la mer ou l'océan regorgent d'espèces plus ou moins dangereuses. Il convient, selon Vincent Roy et Charlie Michaud, de se renseigner sur l'éventuelle présence de méduses, de vives, d'oursins et autres anémones qui peuvent piquer et gâcher une après-midi à la plage.

Les sauveteurs en mer rappellent qu'il convient également de prendre soin de la faune et de la flore marine. Il est par exemple interdit de toucher au corail ou de pêcher les espèces en voie de disparition telles que les oursins, et il n'est pas permis de ramener chez soi de sable, de galets ou de rochers qui constituent un habitat naturel pour certains animaux marins.

Jeanne Bulant Journaliste BFMTV