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Le jeune homme blessé par une grenade "est réveillé" et "a dit quelques mots"

Un groupe d'agents appartenant à la compagnie départementale d'intervention mobilisée le 26 mai, pendant la manifestation contre la loi Travail

Un groupe d'agents appartenant à la compagnie départementale d'intervention mobilisée le 26 mai, pendant la manifestation contre la loi Travail - Jean-Philippe Ksiazek - AFP

Romain D., un photographe de 28 ans, a été grièvement blessé à la tête le 26 mai, en marge d'une manifestation contre la loi Travail à Paris. Il était dans le coma depuis. Sur BFMTV ce lundi, l'avocat de sa famille a rapporté qu'il était "réveillé" et avait "dit quelques mots".

Il est sorti du coma. Romain D., 28 ans, qui s'était effondré près de la Place de la Nation après le jet par les forces de police d'une grenade de désencerclement lors d'une manifestation contre la loi Travail fin mai, "est réveillé" et "il a dit quelques mots", selon Hugues Bouget, l'avocat de sa famille, invité lundi soir de BFMTV. 

"Il est réveillé. Il est sorti de son coma artificiel. Il est extubé, il avait été intubé", a expliqué le conseil, ajoutant que le jeune homme s'exprimait "difficilement pour l'instant".
"Ça commence. Il a dit quelques mots. (...) Dans ces situations là, je vous rappelle quand même qu'il a un trou dans le crâne, on ne peut pas préjuger sur de longues semaines, mais à tout le moins il faut attendre la fin de cette semaine pour savoir quelles seront les premières conséquences", a-t-il indiqué.

Le jeune photographe, souffrant d'un oedème cérébral et d'un enfoncement de la boîte crânienne qui pourrait causer des séquelles neurologiques, avait été plongé dans un coma artificiel le 26 mai.

"J'aimerais qu'un juge d'instruction soit désigné"

"J'aimerais bien savoir" ce qu'il s'est passé ce jour-là, a poursuivi l'avocat, alors que trois enquêtes ont été ouvertes dans le cadre de cette affaire. "En dehors des images que vous avez montrées et de toutes celles qui circulent sur le net, j'aimerais bien le savoir avec précision, et vite. Donc j'aimerais bien qu'un juge d'instruction soit désigné", a poursuivi Me Bouget. 
"Aujourd'hui vous avez quand même au moins cinq vidéos qui ont été décryptées, et vous n'avez aucun autre élément tangible et possible pour expliquer quand même l'enfoncement de la boîte crânienne. Ça se verrait s'il y avait eu une boule de pétanque, ou quelqu'un avec une barre de fer en train de taper Romain. Vous avez une grenade qui explose, Romain qui tombe dans le quart de seconde, ça ne peut pas être autre chose."

Une enquête, judiciaire, a été ouverte par le parquet de Paris. L'autre administrative, diligentée par Bernard Cazeneuve, et confiée à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) pour déterminer si le tir de la grenade est bien à l'origine de la blessure et dans quelle condition cette arme a été utilisée par le fonctionnaire, identifié depuis, et qui sera entendu mardi. Enfin la dernière l'a été à l'initiative de Jacques Toubon, le Défenseur des droits.

Plainte de la famille du jeune homme

Dans un communiqué, la préfecture de police indiquait au soir de l'accident "qu'une centaine de personnes a pris à partie cinq fonctionnaires de police qui procédaient à une interpellation et ont dû se retrancher dans une résidence privée dans l’attente de l’arrivée de renforts". L'utilisation des grenades de désencerclement doit entraîner "une réponse graduée et proportionnée à une situation de danger lorsque l'emploi légitime de la force s'avère nécessaire".

Ce type de grenades contiennent et propulsent des billes en caoutchouc, et doivent être lancées dans les pieds des manifestants. Utilisées pour disperser un attroupement, elles peuvent causer notamment des bleus aux jambes, ou encore des coupures, du fait des débris possibles provoqués par leur emballage.

"Au-dessus, il y a un bouchon dit allumeur qui est en métal, pas du caoutchouc, qui permet l'explosion de la grenade, qui lui aussi est diffusé dans l'espace et dans l'air à une vitesse considérable", a encore précisé Me Bouget lundi soir sur notre antenne.

Les parents de la victime, reçus samedi place Beauvau par Bernard Cazeneuve, ont décidé de porter plainte contre X auprès du procureur de la République de Paris pour "violences volontaires par personne dépositaire de l'autorité publique".

C.H.A. et V.R. avec AFP