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Police-Justice

Grenade dans une manifestation à Paris: les policiers était-ils en danger imminent?

Le 26 mai, un homme de 28 ans a été gravement blessé à la tête lors d'une manifestation à Paris après le lancer d'une grenade par les policiers.

Le 26 mai, un homme de 28 ans a été gravement blessé à la tête lors d'une manifestation à Paris après le lancer d'une grenade par les policiers. - Capture Youtube

Le Défenseur des Droits a annoncé l'ouverture d'une enquête sur les conditions dans lesquelles un jeune homme a été grièvement blessé à la tête jeudi dernier lors d'une manifestation contre la loi Travail à Paris. D'après Mediapart, qui publie deux nouvelles vidéos, les policiers à l'origine du tir de la grenade, n'étaient pas confrontés à "un danger imminent".

Que s'est-il réellement passé jeudi dernier cour de Vincennes, dans le XIIe arrondissement parisien, lors d'une manifestation contre le loi Travail? C'est à cette question que veut répondre Jacques Toubon. Romain D., la victime, présentée comme un journaliste indépendant, "s’est effondré après le jet par les forces de police d’une grenade de désencerclement dans des circonstances qui restent à préciser, au-delà des images filmées par certains témoins de la scène", expose le Défenseur des droits dans un communiqué annonçant l'ouverture d'une enquête. Jacques Toubon, garant du respect de la déontologie des forces de sécurité, peut se saisir de ce cas, mais doit demander, au préalable, "l'accord de la victime et celui du parquet de Paris, qui doit lui adresser une autorisation d'instruire cette affaire".

Concomitance entre le tir de grenade et la blessure

Deux enquêtes ont d'ores et déjà été ouvertes dans le cadre de cette affaire. Une enquête administrative a été diligentée par Bernard Cazeneuve, le ministre de l'Intérieur, et confiée à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) pour déterminer si le tir de la grenade est bien à l'origine de la blessure de Romain D. et dans quelle condition cette arme a été utilisée par le fonctionnaire, identifié depuis, et qui devrait être entendu. Les vidéos de la scène doivent également être étudiées.

"On ne sait pas ce qui s'est produit exactement. Il y a eu en effet une concomitance entre l'explosion de la grenade et la chute du manifestant, mais nous ne sommes pas encore en mesure de déterminer quelle est la cause exacte de la plaie et de l'enfoncement crânien", précise une source au ministère de l'Intérieur, citée par Le Figaro.

Dans un communiqué, la préfecture de police indiquait au soir de l'accident qu'"une centaine de personnes a pris à partie cinq fonctionnaires de police qui procédaient à une interpellation et ont dû se retrancher dans une résidence privée dans l’attente de l’arrivée de renforts". L'utilisation des grenades de désencerclement, qui projette 18 galets en caoutchouc, doit entraîner "une réponse graduée et proportionnée à une situation de danger lorsque l'emploi légitime de la force s'avère nécessaire".

Un état de menace difficile à établir

Selon Mediapart, qui publie deux nouvelles vidéos de l'affrontement entre manifestants et forces de l'ordre ce fameux jeudi 26 mai, "les policiers qui sont intervenus cours de Vincennes, membres d’une Compagnie d’intervention (CI) de la préfecture, ont utilisé cette grenade sans être confrontés à aucun danger imminent". Sur les premières images, filmées depuis un balcon de l'immeuble où se sont retranchés les agents, on peut observer le face à face entre une centaine de manifestants et les forces de l'ordre, avant d'entendre un bruit assourdissant.

"Si les manifestants n’ont effectivement pas l’air menaçant sur les vidéos, ils sont toutefois nombreux, certains pouvaient présenter un danger, décrypte pour Le Monde une source policière. L’état de la menace est difficile à établir." 

L'image tremble, quitte la rue où se déroule la scène, enfin on aperçoit un petit groupe de personnes tentant de mettre à l'abri un homme, a priori Romain D.. Dans la seconde vidéo, les fonctionnaires de police, toujours retranchés devant l'immeuble avec un individu menotté, lancent des grenades lacrymogènes qui atterrissent à proximité du blessé. Ce dernier, placé dans un coma artificiel à l'hôpital de la Pitié-Salpétrière, souffre d'un oedème cérébral et d'un enfoncement de la boîte crânienne qui pourrait causer des séquelles neurologiques. Ses parents ont été reçus samedi place Beauvau par Bernard Cazeneuve.
J.C.