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Société

Émeutes: quand les habitants s'organisent pour sécuriser leurs villes et discuter avec les jeunes

Des habitants dans le centre de Marseille, dans le sud de la France, le 1er juillet 2023, après une quatrième nuit consécutive d'émeutes en France (photo d'illustration)

Des habitants dans le centre de Marseille, dans le sud de la France, le 1er juillet 2023, après une quatrième nuit consécutive d'émeutes en France (photo d'illustration) - CLEMENT MAHOUDEAU / AFP

Dans les villes et quartiers touchés par les dégradations urbaines et les affrontements avec les forces de l'ordre, des habitants se rassemblent dans les rues ou devant les bâtiments publics.

"Stop à la violence", "stop aux casses", "justice aux victimes". À Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), ce dimanche en fin de journée, des habitants, en majorité des mères et des jeunes, ont parcouru les rues pour demander l'arrêt des violences et des émeutes sur la commune. Après six nuits de violences depuis la mort de Nahel, 17 ans, tué par un policier, des citoyens des quartiers concernés se mobilisent pour sensibiliser les jeunes casseurs.

Mauraudes de nuit

À Champigny (Val-de-Marne), des maraudes sont désormais organisées chaque soir par l'association les Papas Debout, rejoints par de nombreuses mères, afin de "sillonner le quartier, rassurer les habitants et établir le dialogue avec des jeunes". Sur leur page Facebook, ils racontent être restés jusqu'à 2h40 du matin ce samedi, "ce qui a permis de désamorcer les tensions".

Alors que les événements de ces derniers jours se sont propagés à tout le territoire, le même type de mobilisation a émergé, par exemple, à Poitiers. La Nouvelle République rapporte que des mères de famille, des médiateurs et des "grands frères" sont également restés dans les rues pour dissuader les auteurs de violences. "Ils sont partis à 2 h du matin, (...) et c’est là que ça a commencé", note par ailleurs le maire de la ville.

"Les jeunes, ils n’aiment pas devoir passer devant nous, ils sont gênés quand ils nous voient. On leur parle, on leur dit d’arrêter les bêtises. Aux plus jeunes, on dit de rentrer à la maison", explique au Monde Sabel Koulibaly, présidente d'une association à Montreuil qui a également organisé, dès jeudi soir, un rassemblement à la nuit tombée.

Empêcher les dégradations

À Metz (Moselle), des mères, après s'être rassemblées devant la médiathèque incendiée la veille, sont passées devant toutes les écoles du quartier. "Si on est là, c'est pour se réapproprier l'espace public face aux casseurs", exprime une manifestante auprès du Républicain Lorrain.

Aux côtés de plusieurs enseignants venus récupérer du matériel, elles sont restées une bonne partie de la nuit de samedi à dimanche devant et dans la cours d'une école élémentaire pour empêcher de potentielles dégradations et s'interposer face aux jeunes casseurs.

Dans la banlieue messine, autre stratégie pour calmer les tensions, c'est l'équipe de football locale, l'ES Woippy, qui a organisé ce samedi soir un rassemblement pacifiste pour provoquer "une prise de conscience" et de dire aussi "que la jeunesse, notre jeunesse, n’est pas dans la destruction", explique le président Mourad Mohadab.

Dans ce quartier, des jeunes ont ainsi entrepris de nettoyer le quartier après les violences, notamment en déblayant les routes calcinées. "Cet élan de solidarité est un témoignage fort de l'engagement de notre jeunesse à préserver la paix, l'harmonie et l'intégrité de notre quartier", salue l'ES Woippy sur Facebook.

Élan citoyen

"Les policiers n’arrivent pas à canaliser toute la violence des jeunes. Si ce sont des connaissances du quartier qui vont les voir, les écouter, ça peut les calmer", explique de son côté Dalila Bellachia, une mère vivant à Annemasse (Haute-Savoie) dans les colonnes du Parisien, lors d'un rassemblement.

"Le but est de préserver ce qui sert dans le quartier: les écoles, les pharmacies, la poste... On cache aussi les poubelles susceptibles d’être brûlées", lance une autre femme présente, qui explique également appeler les parents des jeunes entre 13 et 16 ans qu'elle reconnaît.

Sur Twitter, le maire de L'Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne) dont le domicile a été la cible d'une violente attaque à la voiture-bélier, avait remercié les "nombreux citoyens qui aident à éteindre les départs de feu un peu partout sur la ville".

À Fosses (Val-d’Oise), c'est l'édile lui-même qui a lancé un appel aux citoyens en leur donnant rendez-vous devant la mairie à partir de 22 heures afin de protéger le bâtiment et de se montrer unis contre les dégradations. "Ensemble, nous avons permis d’atténuer les violences et les dégradations sur l’espace public", a-t-il soutenu dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux.

Salomé Robles