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Police-Justice

14 à 18 ans, organisés, mobiles... Quel est le profil des émeutiers après la mort de Nahel?

Les auteurs des violences urbaines de ces derniers jours montrent un profil particulier, marqué par leur jeune âge et par l'utilisation de moyens technologiques leur permettant d'être très connectés.

Des profils très jeunes. Alors que les violences urbaines se poursuivent après la mort mardi à Nanterre du jeune Nahel, 17 ans, tué par un policier lors d'un contrôle routier, les forces de l'ordre notent parmi les manifestants la présence d'individus très jeunes, régulièrement mineurs, très organisés et mobiles.

Souvent âgés de 14 à 18 ans

Pendant la nuit de jeudi à vendredi, 667 personnes ont été interpellées par les forces de l'ordre à travers le pays, dont 307 pour la seule ville de Paris, au cours de cette troisième nuit de violences, selon le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.

Parmi eux, de nombreux jeunes âgés de 14 à 18 ans, a appris BFMTV de source policière. Les forces de l'ordre indiquent même avoir vu sur les images de vidéosurveillance, surtout pendant la nuit de mercredi à jeudi, des adolescents encore plus jeunes, âgés de 12 à 14 ans.

"On est sur des profils de jeunes individus", confirme ce vendredi matin sur BFMTV Loubna Atta, porte-parole de la préfecture de Paris.

Les plus jeunes moins organisés

Les policiers notent que nombre d'adolescents agissent par groupes de 30 à 50 personnes de façon très organisée et mobile, mettant parfois le feu à un point précis, puis 10 minutes plus tard à un autre. Chez les plus jeunes manifestants, entre 12 et 13 ans, les policiers soulignent toutefois qu'ils apparaissent moins organisés que leurs aînés.

Selon des sources policières, contrairement aux émeutes de 2005 lors desquelles les policiers devaient faire face à des manifestants suivant des points de fixation, les forces de l'ordre doivent cette fois se mobiliser partout, rendant leur travail particulièrement complexe.

Globalement, ces jeunes ont "des capacités de passage à l'acte extrêmement fortes", souligne de son côté sur BFMTV le maire sans étiquette d'Évry-Courcouronnes, dans l'Essonne, Stéphane Beaudet.

L'utilisation fréquente d'outils technologiques

La présence de très jeunes manifestants possède une autre spécificité: le recours aux outils technologiques leur permettant de s'organiser.

"On a parfois des traquenards, des barricades qui sont parfaitement construites, des points de fixation avec beaucoup d'armes par destination", souligne sur BFMTV David Le Bars, secrétaire général du syndicat des commissaires de la police nationale.

Selon des sources policières, cette organisation s'explique par l'utilisation de la part de nombreux manifestants de messageries chiffrées comme WhatsApp et Telegram pour communiquer entre eux de façon directe. Ils utilisent également les fonctions de géolocalisation qu'offrent certaines applications comme Snapchat. Autant d'atouts qui leur permettent d'agir de façon rapide et précise.

Une "identification" plus forte chez ces jeunes

La présence de jeunes mineurs est fréquente dans ce type de manifestations, d'autant qu'ils sont directement concernés par l'objet des rassemblements, soit la mort d'un jeune de 17 ans.

"Il y a quelque chose de l'ordre de l'identification", estime sur BFMTV le président de SOS Racisme Dominique Sopo.

Didier Rendu, premier secrétaire adjoint du syndicat des Cadres de la sécurité intérieure, qui confirme la jeunesse des personnes interpellées, dit cependant sur BFMTV s'interroger sur "leur présence dans les rues à commettre de tels types d'exactions" en pleine nuit.

Remettre des "adultes dans les rues"

Face à ce phénomène, le maire d'Évry-Courcouronnes indique sur BFMTV avoir choisi de maintenir tous les rassemblements festifs prévus ce week-end dans sa commune.

"À chaque fois qu'on met des adultes dans la rue, on génère de la sécurité", justifie-t-il.

Il ne se dit pas convaincu que la mise en place d'un couvre-feu soit la solution, sans augmentation des moyens. "Si les jeunes ont envie de sortir, vous avez les mêmes effectifs de police, les mêmes jeunes, ça ne change rien", estime l'élu.

"À part les jeunes qui cassent, personne ne sort en ce moment, donc le couvre-feu s'applique déjà d'une certaine manière (à part pour les jeunes concernés)", ajoute-t-il.

Cécile Ollivier et Juliette Desmonceaux