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Police-Justice

Qui était Nahel, l'adolescent tué par un tir policier à Nanterre?

Le jeune homme de 17 ans est mort mardi lors d'un contrôle routier. Inscrit en CAP électricité, il gagnait sa vie en tant que livreur.

Nahel M., 17 ans, a été tué mardi lors d'un contrôle routier à Nanterre, atteint au cœur par le tir mortel d'un policier qui a depuis été placé en garde à vue. Deux enquêtes ont depuis été ouvertes. Selon la version des membres des forces de l'ordre, les agents auraient été contraints d'ouvrir le feu après un refus d'obtempérer, mais une vidéo partagée sur les réseaux sociaux remet en cause ce scénario.

"Un bon garçon"

Fils unique, Nahel a été élevé par sa seule mère dans le quartier du Vieux-Pont à Nanterre, relate le Parisien. Selon nos informations, Le jeune homme était inscrit depuis 2021 au lycée Louis Blériot à Suresnes, dans les Hauts-de-Seine, en CAP électricité. Le jeune homme avait un profil d'élève absentéiste et gagnait ces derniers temps sa vie en tant que livreur.

Ce "gamin de quartier" avait "la volonté de s'insérer socialement et professionnellement, (ce n'était) pas un gamin qui vivait du deal ou se complaisait dans la petite délinquance", a confié au Parisien Jeff Puech, le président d’un club associatif où jouait au rugby Nahel.

Depuis l'annonce de sa mort, des hommages similaires se sont multipliés. Selon ses avocats, Nahel M. était "très aimé" dans son quartier. Sa grand-mère Nadia a rappelé avec émotion qu'il n'avait "que 17 ans" et a peint le portrait d'un "gentil et bon garçon".

Dans une vidéo partagée sur les réseaux sociaux, sa mère Mounia réagissait difficilement à la nouvelle, louant une relation fusionnelle:

"Ce (mardi) matin, il m’a fait un gros bisou, il m’a dit: 'Maman je t’aime'. Je lui ai dit: 'Je t’aime, fais attention à toi'. Une heure après, on me dit quoi? Qu’on a tiré sur mon fils. Je vais faire quoi? C’était ma vie, c’était mon meilleur ami, c’était mon fils, c’était tout pour moi. On était complices comme pas possible."

Un refus d'obtempérer récent

Les avocats de Nahel M. martèlent que son casier judiciaire était vierge. Ce qui ne signifie pas qu'il n'a jamais eu affaire aux services de police ou à la justice. Selon les informations confiées par une source proche de l'enquête à BFMTV, des faits le concernant sont inscrits au fichier TAJ, le traitement d'antécédents judiciaires.

Ce système est complètement différent du casier judiciaire, puisqu'y sont inscrites tant les victimes que les mis en cause. Par ailleurs, une personne peut-être inscrite au TAJ même sans poursuite sur le plan pénal, ou lors d'un classement sans suite.

"Mon client avait 17 ans, il travaillait, il était livreur et il a été abattu aujourd’hui, voilà ce qu’on sait avec certitude", a rétorqué l'avocat de la famille, Yassine Bouzrou, sur BFMTV mardi.

"Être connu des services de police, ça ne veut absolument rien dire", a insisté le conseil. (…) "Ces fichiers (de police) manquent de précision."

En septembre 2022, le jeune homme a été présenté à un juge des enfants pour un refus d'obtempérer qui datait de janvier de la même année, selon une source proche de l'enquête. La justice avait alors prononcé une mesure éducative.

Un autre événement est noté, un incident très récent, puisqu'il s'est déroulé le week-end dernier. La victime a été placée en garde à vue samedi, là encore pour un refus d'obtempérer. Il avait été déféré dimanche devant le procureur qui lui avait notifié une convocation devant le tribunal pour enfants pour septembre 2023.

Les proches de Nahel ont appelé à une marche blanche jeudi à 14 heures devant la préfecture de Nanterre. Sa mère demande aussi une "marche de révolte", au lendemain d'une nuit de vives tensions.

Tom Kerkour