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Police-Justice

"On ne s'en sort pas" : des policiers racontent leur nuit de violences urbaines

150 personnes ont été interpellées dans la nuit de mercredi à jeudi après que des heurts ont éclaté dans plusieurs villes de France en réaction à la mort du jeune Nahel à Nanterre, tué par un tir policier.

Les policiers en première ligne cette nuit se sont échangé de nombreux messages. Certains de ces textos, que BFMTV a pu consulter, témoignent de la violence ressentie par ces forces de l'ordre. Une tension qui s'est accentuée vers 23 heures.

"Nuit chaotique", résume un de ces policiers engagés.

Ce mercredi soir, 22 compagnies de CRS étaient engagées un peu partout en France pour gérer les violences urbaines. Rien que sur la ville de Nanterre, il y en avait quatre, dont la CRS 8 spécialisée dans ce type de situation, pour tenter de faire face aux violences qui ont éclaté après la mort de Nahel, tué par un tir policier. À ces effectifs, il faut ajouter tous les policiers de sûreté publique mobilisés.

Malgré ces renforts, la tension est encore montée d'un cran dans la nuit de mercredi à jeudi.

"On est insuffisants"

À Nanterre, épicentre de ces tensions, des dizaines de véhicules ont été incendiées. Des affrontements ont éclaté, les policiers ont été pris pour cible par des tirs de mortiers, notamment à l'entrée de la cité Pablo-Picasso. À Clamart, c'est un tramway qui a été intégralement brûlé.

À Bezons, l'incendie d'une voiture s'est propagé à la façade d'une école. À Cachan, dans le Val-de-Marne, un commissariat a été incendié, à Thiais, dans la ville voisine, des barricades ont été érigées. "Des magasins pillés, barricades et embuscades partout, des collègues blessés", souffle un policier.

"Le département brûle de partout, on est insuffisants en nombre... Véhicules cassés", déplore un autre policier.

Autre illustration de l'intensité des affrontements: plusieurs commissariats se sont retrouvés rapidement en manque de munitions. "Tous les commissariats sont à court de munitions, je viens d'ouvrir la réserve (...) pour qu'ils viennent alimenter les commissariats", explique un fonctionnaire.

"Plus de munitions dans le secteur de Melun", abonde un autre policier.

Il s'agit des munitions d'armement intermédiaire, type LBD et grenades lacrymogènes. "Sur de tels incidents, l'usage de ces armes de force intermédiaire est important et soutenu, et chaque équipage n'ayant qu'une capacité d'emport limitée, les munitions partent vite", détaille un haut gradé.

Mort de Nahel tué par un policier: cette vidéo qui change tout
Mort de Nahel tué par un policier: cette vidéo qui change tout
20:58

Les commissariats visés

Les violences se sont propagées dans de nombreuses villes en France. À Evreux, dans l'Eure, un bâtiment administratif a été incendié. À Villeurbanne, près de Lyon, c'est un immeuble d'habitation qui a dû être évacué après avoir été visé par des tirs de mortiers. À Wattrelos, un supermarché est parti en flammes, à Mons-en-Baroeul, tous les bâtiments publics ont été pris pour cible. Centre d’action sociale, salle des fêtes, salle polyvalente, mairie, locaux de la police municipale: tous ont été incendiés.

"Ça fait 18 ans qu'on n'avait pas eu des violences urbaines aussi intenses", consent sur BFMTV Grégory Joron, secrétaire national du syndicat Unité SGP-FO.

Dans ce type de situation, le rôle des policiers est "de sécuriser au maximum". Sécuriser les interventions des pompiers, les bâtiments publics mais aussi les commissariats.

"Nous avons été attaqués de toute part", poursuit Grégory Joron.

Sur le terrain, un policier raconte que le commissariat a été pris pour cible "quand il y avait seulement le chef de poste et le standard". "Nos murs ne sont pas assez protégés", témoigne une policière de la CRS autoroutière, détaillant le "caillassage", "les jets de cocktail Molotov" et les "tirs de mortiers".

Alexandra Gonzalez et Justine Chevalier