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Harcèlement scolaire: comment repérer que mon enfant harcèle un camarade et comment réagir?

La détection et la prise en charge des élèves harceleurs est l'autre versant de la lutte contre le harcèlement scolaire, un fléau qui fait l'objet d'une journée nationale ce jeudi.

Chaque année en France, un rapport du Sénat rapporte que près de 800.000 enfants seraient victimes de harcèlement à l'école. Pour tenter d'enrayer ce fléau, le gouvernement met à diposition depuis ce jeudi 9 novembre un questionnaire anonyme à destination des élèves du CE2 à la terminale pour permettre d'identifier les victimes.

En tant que parent, il est légitime de s'inquiéter et de chercher à savoir si son enfant peut être harcelé dans son établissement ou sur les réseaux sociaux. Pourtant, une question se pose moins facilement: se pourrait-il qu'il soit lui-même harceleur ou qu'il participe au harcèlement d'un ou plusieurs de ses camarades?

"Il est souvent difficile de reconnaître que son enfant peut être auteur de violences", concède le ministère de l'Éducation nationale sur son site.

"Mais ce n'est pas parce que votre enfant harcèle que sa personnalité se limite à cela", nuance le ministère sur son site. "Il s'agit de comprendre pourquoi il agit ainsi afin qu’il change de comportement. Il faut aussi que les violences cessent, pour l'enfant victime mais aussi pour lui-même".

Entamer une discussion avec l'enfant

Comment repérer que l'enfant est un harceleur, lorsque ces faits sont commis en dehors de la maison? "Les enfants ont du mal à avouer qu'ils harcèlent", expliquait Catherine Verdier, psychologue-thérapeute-analyste pour enfants et adolescents, en septembre dernier à BFMTV.com.

"Mieux vaut procéder par approches successives en lui demandant par exemple si, autour de lui, l’un de ses camarades est victime de harcèlement, s’il a parlé de ce qu’il a ressenti… On l'amènera ensuite à parler de son propre ressenti face au harcèlement", conseille le ministère de l'Éducation.

"On peut voir si un enfant est harceleur surtout à la quantité d'informations ou de détails qu'il peut donner quand on lui en parle, s'il connaît bien les gestes ou les mots...", complètait Catherine Verdier.

Il convient aussi de s'intérésser au profil psychologique des élèves harceleurs. Comme l'expliquait à BFMTV le psychologue Jean-Luc Robert, "un harceleur n'est pas harceleur par hasard".

"Malgré les apparences d'assurance ou de domination qu'il peut dégager, la personne harceleuse a une fragilité en elle: souvent c'est quelqu'un qui a besoin d'avoir une certaine reconnaissance, qui a besoin qu'on l'admire, de prendre le dessus, d'être valorisé...", nous expliquait-il au moment de la rentrée des classes.

"Le harceleur va agresser pour avoir une estime de lui-même plus importante que sa victime", abondait la psycho-thérapeute Catherine Verdier.

Selon la spécialiste, certains signes peuvent alerter les parents: "si un enfant harcèle ses frères et soeurs, on peut raisonnablement penser qu'il va poursuivre à l'extérieur".

Une fois les faits identifiés, il est important de faire prendre conscience à son enfant du mal qu'il a pu faire. "Il faut essayer de le mettre à la place de la personne harcelée, expliquer que les parents sont très peinés, absolument pas défendre l'enfant face à ça", préconisait encore Jean-Luc Robert.

Selon les professionnels, punir l'enfant n'est pas absolument nécessaire. Il convient plutôt d'opter pour une forme de "punition réparatrice": "qu'est-ce que l'enfant peut proposer pour réparer ce qu'il a fait?", selon Catherine Verdier.

L'étape suivante consiste à comprendre ce qui va mal chez l'enfant ou l'adolescent harceleur pour qu'il ait été amené à se conduire de la sorte et "pour tenter de connaître les origines de sa violence", développe le site du ministère de l'Éducation nationale sur son site. Les raisons "peuvent être multiples: difficultés à communiquer sereinement, agressivité par peur de l’autre, réponse violente au harcèlement qu’il pourrait lui-même subir ou avoir subi antérieurement...".

En effet, la psychologue Catherine Verdiermettait en évidence le fait qu'"un enfant harcelé au primaire a de grandes probabilités de devenir harceleur au collège".

À partir de cette rentrée, par application d'un récent décret, l'élève harceleur peut être changé d'établissement scolaire "en dernier recours", même dans le premier degré. Ainsi, le ministère de l'Éducation conseille également, au-delà de parler à l'enfant, de partager les doutes et les interrogations auprès d'un adulte de son établissement.

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Salomé Robles