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Chronophage, formation des personnels... Les doutes des syndicats sur le questionnaire contre le harcèlement scolaire

Ce questionnaire, qui comprend plusieurs dizaines de questions, est notamment critiqué pour leur surabondance d'interrogations qui rend difficile la remontée rapide des résultats.

Ce 9 novembre, à l'occasion de la journée nationale de lutte contre le harcèlement à l'école, le gouvernement met en action la mesure phare du plan interministériel de lutte contre ce fléau. Il s'agit d'un questionnaire d'auto-évaluation de plusieurs dizaines de questions à l'attention des élèves, du CE2 à la terminale, rempli de manière totalement anonyme.

Première page du questionnaire distribué aux collégiens français du 9 au 15 novembre 2023.
Première page du questionnaire distribué aux collégiens français du 9 au 15 novembre 2023. © Ministère de l'Éducation

Parmi les interrogations, de nombreuses concernent le quotidien des élèves à l'école, collège ou lycée. "As-tu peur d'aller au collège à cause d'un ou plusieurs élèves? Est-ce qu'un ou plusieurs élèves te rabaissent ou t'humilient", peut-on ainsi lire.

Les élèves peuvent répondre en cochant des cases allant de 1 à 4 qui correspondent à la régularité avec lesquelles certains faits se produisent, soit de "jamais" à "très souvent".

Ce dispositif doit être déployé entre le 9 et le 15 novembre dans tous les établissements scolaires français, a annoncé mardi le ministre de l'Éducation national Gabriel Attal.

Un traîtement trop long?

Du côté des syndicats d'enseignants et des associations de parents d'élèves, cette nouveauté est, sur le fond, accueillie d'un bon œil.

Comment les questionnaires contre le harcèlement scolaire vont-ils fonctionner?
Comment les questionnaires contre le harcèlement scolaire vont-ils fonctionner?
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Interrogée par BFMTV, Nadia Alram, du SE-UNSA éducation, explique comment les équipes pédagogiques pourront réagir à la lecture de ces questionnaires. "Ce qui peut se passer c'est que quand une équipe pédagogique voit dans une classe qu'il y a des questionnaires qui inquiètent, qui sont caractéristiques", dit-elle.

"Il y aura une prochaine étape avec des questionnaires qui ne seront plus anonymes pour savoir quelle est la personne, quel est l'élève qui est victime", ajoute Nadia Alram.

En revanche, c'est sur la forme que revêt ce questionnaire que les syndicats s'interrogent, en particulier sur le nombre important de questions.

"Le traitement de ce questionnaire va prendre énormément de temps et on va encore se retrouver avec quelque chose qui va repousser alors qu'on veut accélérer les choses", estime, toujours à BFMTV, Éric Fouzari, président de la PEEP des Alpes-Maritimes.

Une formation adéquate?

Dans un communiqué publié sur son site, la SE-UNSA évoque également les "remontées statistiques chronophages" de ces questionnaires, et en profite également pour aborder un sujet sensible, celui de l'accompagnement des familles dans la remontée de ces questionnaires.

"Nous avons insisté sur le fait que la plupart des personnels ne sont pas encore formés à aborder ces questions épineuses et chargées émotionnellement avec les parents d’élèves", est-il spécifié. Le communiqué évoque "une mise en difficulté" de certains agents.

À ce sujet, dans un communiqué publié à la mi-journée, le ministère de l'Éducation nationale et de la Jeunesse a annoncé la création de brigades anti-harcèlement dans chaque académie, qui comprend 150 emplois à temps plein. Une enveloppe de 30 millions d'euros, acceptée lors de l'examen du budget 2024, a été allouée.

Ce questionnaire est l'occasion de sonder en profondeur l'ampleur du harcèlement en milieu scolaire, mais aussi de libérer la parole de potentiels élèves harcelés, alors que, plus tôt cette semaine, une étude de l'Ifop indiquait qu'un élève sur cinq y est confronté. Un chiffre deux fois plus élevé que celui habituellement admis.

https://twitter.com/Hugo_Septier Hugo Septier Journaliste BFMTV