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Blanquer se montre flexible sur sa réforme de l'école et tente d'apaiser les syndicats

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Blanquer - AFP

Le ministre de l'Éducation s'est défendu de vouloir "imposer" les regroupements écoles-collèges prévus dans sa réforme. Certains enseignants et parents d'élèves craignent la disparition de directeurs d'école.

Dans une période aussi délicate (et inédite) que la sortie du grand débat national, mieux vaut éviter le barouf indésirable. C'est visiblement la volonté du ministre de l'Éducation nationale Jean-Michel Blanquer, qui, dans un entretien accordé mercredi au Parisien, se montre flexible sur les points les plus crispants de sa réforme de l'école. 

"Il ne s'agit pas [d']imposer [les regroupements écoles-collèges, NDLR], loin s'en faut. Si c'était imposé partout en France, je comprendrais complètement l'émoi, mais cela n'est absolument pas ça", y déclare-t-il.

Une manière pour lui de répondre à la crainte, exprimée par certains enseignants et parents d'élèves, de voir disparaître des directeurs d'école. 

Besoin de "consensus"

L'entité commune regroupant un collège et une ou plusieurs écoles du même secteur, prévue dans le projet de loi et appelée "projet d'établissements publics des savoirs fondamentaux", "ne remet pas en cause l'existence des écoles et de leurs directeurs", assure le ministre. 

Jean-Michel Blanquer se dit par ailleurs "tout à fait prêt" à ajouter la nécessité de "l'accord de la communauté éducative pour que ces établissements puissent voir le jour" dans le texte du projet de loi, "si cela permet de rassurer définitivement".

"Ces établissements ne se feront que s'il y a un consensus local", a-t-il insisté, indiquant comprendre "les émotions de bonne foi" dans la mobilisation des parents et enseignants cette semaine.

Fin d'état de grâce

Depuis quelques mois, le locataire de la rue de Grenelle est soumis à une pression de plus en plus importante. Les principaux syndicats enseignants ont appelé à une journée d'action samedi, dix jours après une première journée qui avait mobilisé près d'un quart des enseignants des écoles maternelles et élémentaires, selon le ministère, et 40% selon le SNUipp-FSU, premier syndicat du primaire, soit le taux de grévistes "le plus haut depuis 2017". 

Sans oublier les mouvement de contestation contre sa réforme du second degré, avec des professeurs qui ont refusé d'appliquer les évaluations nationales instaurées par le ministre, accordant des 20/20 à leurs élèves. 

Considéré comme étant l'un des rares pôles de stabilité d'un gouvernement qui ne cesse de tanguer depuis l'été 2018 et bénéficiant d'une cote de popularité assez solide, notamment au sein de l'électorat de droite, Jean-Michel Blanquer semble vouloir adopter un ton plus conciliant. "Je dis proposer, pas imposer", dit-il à un moment au sujet des regroupements. 

Temporiser

L'idée, aussi, semble d'indiquer plus clairement le cap, les discussions parlementaires autour de sa loi "école de la confiance" ayant été jugées plutôt brouillonnes par certains participants, à en croire des informations de Challenges. Ou, à défaut, de temporiser, le corps enseignant ayant une capacité de mobilisation qui s'est rarement démentie. 

Interrogé sur d'éventuelles suppressions de postes dans les collèges et lycées dans les années à venir, le ministre a botté en touche, expliquant que "ce n'est pas encore pleinement arbitré".

En outre, il indique que la mise en place des CP et CE1 à 12 élèves en REP et REP+ en Seine-Saint-Denis prendrait plus de temps que prévu, faute de place et d'enseignants: "Nous avons un problème pratique - un manque de locaux -, pour arriver à diviser les classes, et un manque de ressources humaines de qualité indispensable pour y parvenir. Donc nous préférons étaler la fin du déploiement. Au lieu d'être totalement effective sur deux ans, il le sera sur trois".

Jules Pecnard avec AFP