BFMTV
Sciences

Premier vol commercial raté pour la fusée Vega-C quelques minutes après son décollage

La fusée Vega-C décolle de Kourou en Guyane (France) pour son vol inaugural le 13 juillet 2022

La fusée Vega-C décolle de Kourou en Guyane (France) pour son vol inaugural le 13 juillet 2022 - S MARTIN © 2019 AFP

Présentée comme la petite sœur d'Ariane 6, la fusée Vega-C devait placer en orbite deux satellites d'observation d'Airbus. Une anomalie sur le lanceur a transformé la mission en échec. Et ce, en quelques minutes.

Le nouveau lanceur léger européen Vega-C, qui devait effectuer son premier vol commercial avec deux satellites d’Airbus à son bord, s’est perdu après son décollage depuis Kourou mardi, un échec qui inflige un revers à une Europe spatiale fragilisée.

Dix minutes après le décollage, à 22h47 heure locale (01h47 heure française), la trajectoire du lanceur a dévié de celle programmée, puis les télémesures ont cessé d’arriver à la salle de contrôle du Centre spatial de Kourou, en Guyane française.

Les raisons de l’échec à déterminer

"La mission est perdue", a déclaré le président d’Arianespace, Stéphane Israël, depuis le Centre spatial guyanais. "Environ 2 minutes et 27 secondes après le décollage, une anomalie s’est produite sur le Zefiro 40", le deuxième étage du lanceur, "mettant ainsi fin à la mission Vega-C", a précisé la société chargée de son exploitation dans un bref communiqué.

"Des analyses de données sont en cours pour déterminer les raisons de cet échec", a ajouté Arianespace, qui tiendra un point presse mercredi midi à Kourou.

Arianespace a constaté qu'il n'y avait pas de retombées de débris après le décollage du lanceur européen, sous maîtrise d'œuvre italienne. La fusée Vega-C devait placer en orbite deux satellites d'observation de la Terre construits par Airbus, Pléiades Neo 5 et 6, les deux derniers de la constellation Pléiades Neo devant permettre d'imager n'importe quel point du globe plusieurs fois par jour avec une résolution de 30 cm.

Le vol avait déjà été repoussé

Programmé initialement le 24 novembre, ce vol avait été repoussé d'un mois en raison d'un élément lanceur défectueux. "On a dû changer un équipement lié à la coiffe", a précisé à l'AFP Stéphane Israël.

Il s'agissait du premier vol commercial de Vega-C après son lancement inaugural le 13 juillet couronné de succès, marquant l'introduction de la nouvelle famille de lanceurs européens.

Vega-C est présentée comme la petite sœur de la future Ariane 6, dont elle utilise des éléments communs pour permettre à l'Europe d'être plus compétitive sur un marché des satellites en pleine expansion. Vega-C - C pour "consolidation" selon son maître d'œuvre industriel, l'Italien Avio - est une version améliorée du lanceur léger Vega, tiré à 20 reprises depuis 2012.

Ce dernier avait essuyé deux échecs: l'un en novembre 2020 dû à un problème de fabrication du lanceur, retombé dans la mer après s'être disloqué dans l'atmosphère, l'autre à l'été 2019 après une défaillance qui avait conduit à sa destruction, par précaution.

L’Europe spatiale fragilisée

Ce nouvel échec est un revers de taille pour l'Agence spatiale européenne (ESA), responsable des programmes de lanceurs européens, alors que la compétition mondiale fait rage sur le marché des lancements, l'Américain SpaceX en tête.

La fusée Ariane 6 est le principal moteur de la riposte, mais le report à fin 2023 du vol inaugural initialement prévu pour 2020 a pénalisé de l'ESA qui compte 22 Etats membres.

L'Europe spatiale est de surcroît fragilisée par l'invasion de l'Ukraine, qui a mis fin à sa coopération spatiale avec la Russie et privé la base spatiale européenne de Kourou des lancements de satellites par les fusées Soyouz. L'ESA a ainsi été contrainte de se tourner vers SpaceX pour lancer deux missions scientifiques. Le lancement de Vega-C était le cinquième et dernier de l'année 2022 pour le port spatial de l'Europe à Kourou.

J.R. avec AFP