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Situation "grave" ou assouplissement "logique"? Les médecins partagés après les annonces de Jean Castex

La conférence de presse du Premier ministre fait réagir les soignants. Si des urgentistes saluent l'assouplissement des restrictions, d'autres médecins se disent plus inquiets.

Ce jeudi soir, Jean Castex a annoncé l'allègement progressif des contraintes sanitaires, tels que la fin du masque en extérieur et la fin des jauges le 2 février ou encore la réouverture des discothèques le 16 février. Si certains médecins saluent ces décisions, d'autres font preuve de plus de prudence et s'en inquiètent plutôt.

"Il est logique qu'on annonce une série de bonnes nouvelles", a ainsi jugé Frédéric Adnet, le chef du services d'urgences-SAMU-SMUR de l'Hôpital Avicenne de Bobigny sur BFMTV. "Oui, il faut alléger ces protocoles qui suscitent des grèves, des méfiances. Si la situation épidemique le permet, il faut le faire", a-t-il même ajouté.

"On va voir si on arrive à contrôler cette épidemie" en diminuant les restrictions

"On commence clairement à baisser la garde très très progressivement", a encore jugé le soignant. "On est un peu dans une sorte de mimétisme avec l'Angleterre où l'on espère que la décroissance qu'on peut observer en France aura la même tendance qu'en Angleterre (...). On va voir si, en diminuant progressivement nos gestes barrières, on arrive à contrôler cette épidémie".

Outre-Manche, Boris Johnson a également annoncé ce mercredi la levée de l'essentiel des mesures de restriction. À partir du 27 janvier, le port du masque ne sera plus obligatoire, le télétravail ne sera plus recommandé officiellement et un passe sanitaire ne sera plus imposé pour l’accès aux boîtes de nuit et à certains grands rassemblements.

"C'est grave ce qui se passe"

Un point de vue qui n'est pas partagé par tous les soignants. "J'ai du mal à comprendre l'optimisme présenté par le Premier ministre", a fait savoir l'épidémiologiste et directrice de recherche à l'Inserm Dominique Costagliola sur notre antenne. "Moi je regarde les chiffres, les nombres de cas consolidés à J-3. Or on est à 525.000 cas diagnostiqués lundi, une incidence qui ne baisse pas, un nombre d'hospitalisations qui ne baisse pas non plus", a-t-elle mis en garde. "Je comprends qu'on ait envie de prendre des mesures mais elles devraient être basées sur des objectifs, sur les indicateurs".

Arnaud Chiche, médecin anesthésiste-réanimateur à l'hôpital d'Hénin-Beaumont, se veut lui-aussi plus préoccupé sur BFMTV. Lui attendait du gouvernement d'éventuelles annonces sur le déploiement de moyens pour l'hôpital, submergé par la vague Omicron. "Peut-être qu'au lieu de nous lamenter sur nos restrictions (...), on aurait pu assister à une vague de moyens ce soir. C'est grave ce qui se passe", a-t-il déclaré.

"Il faut considérer l'ensemble des mesures de protection des Français comme un bouclier sanitaire, les mesures de restriction, la vaccination. Mais le cœur du bouclier, c'est l'hôpital (...) On a décalé jusqu'à 60% de chirurgie pédiatrique en France. Il faut dire aux Français dans les yeux qu'on ne garantit plus leur soins", a lancé le fondateur du collectif Santé en danger sur BFMTV.

"On va entrer dans une période contrastée", a résumé jeudi, dans un avis paru avant les annonces du gouvernement, le Conseil scientifique, qui conseille l'exécutif dans la gestion de la crise.

Marie-Pierre Bourgeois