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5e vague: aucun seuil fixé par l'exécutif pour l'allègement progressif des restrictions en février

Un patient Covid-19 hospitalisé en réanimation à Saint-Pierre, à La Réunion, le 30 juillet 2021

Un patient Covid-19 hospitalisé en réanimation à Saint-Pierre, à La Réunion, le 30 juillet 2021 - Richard BOUHET © 2019 AFP

Le gouvernement n'a fixé aucun seuil pour les contaminations ou les réanimations afin de déclencher l'assouplissement progressif des mesures sanitaires ces prochaines semaines. Une décision qui détonne par rapport aux précédentes vagues.

Ni sur les tests, si sur les données hospitalières. L'annonce ce jeudi par l'exécutif de l'allègement des restrictions anti-Covid est perçue comme une bonne nouvelle par de nombreux commerçants, mais interroge au regard de la situation sanitaire.

"Je suis un peu frappé par le fait que, contrairement à toutes les mesures, il n'y a pas de notion de seuils. Pour toutes les autres mesures, que ça soit confinement ou déconfinement, on avait des seuils. Là aucun n'a été énoncé", s'étonne Frédéric Adnet sur BFMTV.

Le chef du service d'urgences Samu Smur de l'hôpital Avicenne de Bobigny estime que c'est "un grand changement" mené par l'exécutif de ne plus se baser sur une barre précise pour chaque indicateur afin d'assouplir les mesures sanitaire.

"On ne sait pas à quelle vitesse s'attendre pour cette baisse des contaminations et on doit s'attendre encore à un grand nombre de cas dans les prochaines semaines", relève Caroline Dieudonné, journaliste santé à BFMTV.

Pas de clause de revoyure

Avec 425.183 nouveaux cas confirmés ces dernières 24 heures en France, et alors que le nombre de personnes en réanimation - qui certes diminue - reste proche des 4000 patients, le gouvernement décide de desserrer la vis. Paradoxal?

"Je constate c'est qu'il (le calendrier, NDLR) n'est pas basé sur des niveaux, des objectifs qu'il faudrait atteindre [...] il me semble que des mesures devraient être basées sur des objectifs devraient être basés sur tout ou partie des indicateurs", observe également Dominique Costagliola, épidémiologiste et directrice de recherche Inserm à l'Institut Pierre Louis.

"Ce qui est frappant dans cette conférence de presse, c'est qu'on n'a jamais de clause de revoyure et qu'on n'a jamais de conditions", note Thomas Soulié, chef adjoint du service politique de BFMTV. "Il y a un calendrier optimiste, volontariste, ambitieux, peut-être imprudent parce qu'imaginons qu'un nouveau variant arrive, que nous sommes toujours à 400.000 contaminations... Est-ce que l'exécutif n'aura pas parlé trop vite ce soir? L'avenir nous le dira".

Un pari en quelque sorte que l'exécutif prend en ne se fixant pas d'objectifs sanitaires, même s'il reste attentatif à la situation hospitalière. Preuve en est l'instauration du pass vaccinal dès lundi prochain et ce, pour une durée indéterminée, enfin presque.

"Le pass pourrait être suspendu si la pression épidémique et surtout hospitalière venait à se réduire fortement et durablement", a avancé Jean Castex.

Des indicateurs dépassés à cause d'Omicron?

À quel niveau? Aucune précision du gouvernement. De même, un allègement du protocole sanitaire à l'école est "envisagé" après les vacances du mois de février, mais après consultation des autorités sanitaires. Là encore aucune condition précise donnée alors qu'un grand nombre de contaminations et d'hospitalisations chez les enfants est rapporté ces derniers jours.

"Peut-être qu'Omicron va s'avérer être Omega", avance pour sa part Alexandre Mignon. L'anesthésiste réanimateur à l'hôpital Bichat à Paris, qui voit peut-être là la fin de la "forme grave de la maladie", note que l'indicateur épidémiologique des contaminations n'a plus de grande importance.

"En pratique il y a beaucoup de cas mais ces cas donnent une pharyngite, une rhinite, de temps en temps une forme un peu plus grave [...] et cela dure moins de temps pour les patients hospitalisés", poursuit-il sur notre antenne.

"Ce qui fait la gravité de l'épidémie, c'est le nombre de patients"

À propos de seuil, Frédéric Adnet juge que le plus pertinent aujourd'hui est l'impact de cette épidémie à l'hôpital: "je crois qu'il faut arrêter avec les taux d'incidence. Ce qui fait la gravité de l'épidémie c'est le nombre de patients entrant à l'hôpital".

Fin 2020, le gouvernement s'était fixé pour objectif 3000 réanimations et 5000 cas par jour pour lancer le deuxième déconfinement. Un an plus tard, ces deux seuils semblent difficilement atteignables.

"Le seuil c'est qu'aujourd'hui, malheureusement dans la situation de l'hôpital, les réanimations avec 4000 patients Covid cela veut dire automatiquement de la déprogrammation et de la baisse de la qualité des soins pour les patients non Covid. Et cela c'est dramatique", conclut Alexandre Mignon.
Hugues Garnier Journaliste BFMTV