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Santé

Maladies infectieuses: une étude révèle les lieux les plus à risque de contamination à l'aéroport

Le terminal 2 de l'aéroport d'Heathrow, à Londres (Royaume-Uni), en avril 2022.

Le terminal 2 de l'aéroport d'Heathrow, à Londres (Royaume-Uni), en avril 2022. - JUSTIN TALLIS / AFP

À l'aide d'un modèle mathématique, les chercheurs ont réussi à identifier les zones les plus à risque du point de vue de la transmission des maladies infectieuses à l'aéroport d'Heathrow. Une étude qui pourrait être généralisable à de nombreux autres lieux.

C'est une étude qui pourrait aider à limiter la transmission des maladies infectieuses. Des scientifiques de l’Inserm, de Sorbonne Université et du CSIC-IFISC ont modélisé les lieux les plus à risque de contamination dans un aéroport, lieu où l'on reste longtemps et où une distance entre les individus ne peut pas toujours être respectée.

Les foules et les attroupements, avec les contacts prolongés entre les individus qui en résultent, constituent, en effet, un facteur crucial dans la transmission des virus.

Données GPS

Une équipe internationale de chercheurs a pris pour modèle l'aéroport le plus fréquenté d'Europe: celui d'Heathrow, à Londres. Entre février et août 2017, donc bien avant le déclenchement de la pandémie de Covid-19, les données GPS des téléphones portables de 200.000 voyageurs ou salariés ont été collectées, ce qui permet de visualiser les trajets de chacun d'entre eux dans l'aéroport.

Ils ont ensuite été croisés mathématiquement avec des données concernant la propagation de maladies telles que la grippe H1N1 ou le Covid-19. Ainsi, les zones où les risques de diffusion des virus ont pu être identifiées.

Restaurants, salles d'attente, commerces...

Selon les résultats de cette étude, ce ne sont pas les endroits avec le plus de brassage de population qui sont les plus risqués en termes de diffusion de virus. À l'inverse, il apparaît qu'il s'agit plutôt des lieux où l'on reste immobiles durant une période assez longue.

"Ces lieux ne sont pas toujours les plus fréquentés au sein de l’aéroport, mais ils impliquent des contacts plus soutenus sur des durées plus longues entre les individus, permettant de transmettre les maladies", souligne Mattia Mazzoli, chercheur à l'Inserm et premier auteur de l’étude.

Ce ne sont donc pas les couloirs ou les queues des zones de contrôle mais bien les bars, les restaurants, les commerces ou les salles d'attente avant l'embarquement où l'on risque d'attraper un virus transporté par un autre passager dans un aéroport. Ces zones ne représentent qu'environ 2% de la surface accessible de l'aéroport d'Heathrow.

Réduction des risques

Les modélisations ont alors permis de montrer qu'en ciblant ces zones les plus à risque avec des mesures d’immunisation spatiale, c'est-à-dire en les décontaminant, on observe une réduction de 50% du risque d'avoir un second cas de grippe H1N1 suite à un premier cas importé dans l’aéroport. Cette réduction est de 40% pour le Covid-19.

"Dans les lieux que nous avons identifiés avec notre modèle, développer des approches dédiées telles que le filtrage de l’air, la désinfection systématique des surfaces ou l’utilisation de lampes Far-UVC peut réduire de manière significative le risque de propagation des agents pathogènes, au-delà des premiers cas arrivant dans un aéroport ou une gare sans avoir été détectés", explique Mattia Mazzoli.

Modèle généralisable

Si les aéroports sont particulièrement scrutés, plus que d'autres lieux de foule, c'est parce qu'ils constituent un flux constant d'entrées et de sorties mais, surtout, car ils peuvent entraîner la diffusion d'une maladie infectieuse au niveau mondial.

Toutefois, comme l'expliquent les scientifiques de cette étude, ce modèle mathématique peut être généralisé et est applicable à d'autres lieux de transits ou de brassage de foule.

Il serait ainsi possible, pour chaque cas, de localiser les zones à haut risque de contamination. Ce modèle pourrait donc être particulièrement utile dans les tous premiers stades d'une épidémie.

Salomé Robles