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Santé

Infections respiratoires, "maladie X": le Covars fait le point sur les prochaines grandes menaces sanitaires

Une employée d'une clinique de Pékin, le 20 décembre 2022 (image d'illustration)

Une employée d'une clinique de Pékin, le 20 décembre 2022 (image d'illustration) - JADE GAO / AFP

La Comité de veille et d'anticipation des risques sanitaires (Covars) a remis un avis sur les risques de situations sanitaires exceptionnelles à venir au cours des cinq prochaines années en France.

Le Comité de veille et d'anticipation des risques sanitaires (Covars) a remis en début de semaine au gouvernement un avis sur les risques de situations sanitaires exceptionnelles à venir au cours les cinq prochaines années en France.

Selon ce document, les maladies susceptibles de menacer le plus gravement la santé humaine seront liées aux zoonoses, transmises de l'animal aux humains et inversement, et aux arboviroses, transmises notamment par les moustiques.

"Ces risques existent. On ne sait pas quand ils vont arriver mais on sait qu'ils vont arriver", a souligné la présidente du Covars Brigitte Autran lors d'un point presse ce mercredi 10 avril.

"Nous ne crions pas au feu, nous ne voulons pas être alarmistes, simplement réalistes", a-t-elle ajouté.

Infections respiratoires pandémiques, "nouveau coronavirus"

Après avoir consulté divers experts et organismes français et internationaux, le nouveau conseil scientifique a identifié 35 maladies infectieuses susceptibles d'entraver la santé humaine dont certaines avec un haut niveau de risque. Elles ont été analysées selon 16 critères portant sur l’épidémiologie mais aussi les impacts sanitaires, psycho-sociaux, économiques et sur les écosystèmes.

"Les risques sanitaires exceptionnels majeurs liés aux zoonoses sont essentiellement portés par les infections respiratoires pandémiques que sont la grippe zoonotique, notamment la grippe H5N1, et l'émergence d'un nouveau coronavirus", détaille le virologue Bruno Lina, membre du Covars et co-pilote de cet avis.

"Après ces deux pathogènes qui apparaissent en haut dans notre classement, apparaissent des arboviroses, notamment liées à la dengue et aux infections à virus West-Nile", ajoute-t-il.

"Maladie X"

La survenue possible d'une maladie "X", liée à un pathogène émergent inconnu aujourd'hui, figure aussi dans cette classe ainsi que les infections respiratoires aiguës hivernales.

"La maladie X c'est une maladie pour laquelle aujourd'hui nous ne connaissons pas l’agent infectieux, nous ne connaissons pas éventuellement le vecteur et nous ne connaissons pas la maladie qu’elle va proposer", précise Bruno Lina. Parmi les autres risques évoqués lors de cette conférence de presse les infections bactériennes multirésistantes aux antibiotiques.

Effet du changement climatique

Aux risques épidémiques et infectieux s'ajoutent des évènements liés aux changements climatiques, susceptibles d'accroître encore le risque de circulation de maladies émergentes dont l'origine est majoritairement animale.

"Une des conséquences du réchauffement climatique est l'allongement de la période de l'année qui sera favorable à la multiplication de vecteurs. Par exemple, le moustique tigre pourra atteindre des populations plus importantes au cours d'une année et donc être potentiellement plus à risque", a illustré l'éco-épidémiologiste Patrick Giraudoux, membre du Covars.

"On aura aussi une exposition croissante à l'ozone, un oxydant qui va rendre plus probables les infections respiratoires", a-t-il ajouté. "L'effondrement de la biodiversité" sera un autre facteur favorable à la "propagation de vecteurs épidémiques", selon lui.

Dans ce contexte, il est urgent selon le Covars de renforcer le système de soins "afin d'éviter des débordements à la moindre survenue d'un risque sanitaire". Brigitte Autran a notamment pris l'exemple "des infections respiratoires aiguës hivernales qui sont un fardeau récurrent et qui peuvent créer certaines années des situations sanitaires exceptionnelles".

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Pour Rémy Slama, épidémiologiste spécialiste de l’environnement et de la pollution à l’INSERM, l'allégement de la pression sur le système de santé passe aussi par la réduction des "maladies chroniques qu'on peut en partie prévenir" en "faisant de la prévention sur la consommation de tabac, l'alcool, et en poussant à une augmentation de l'activité physique et à une amélioration du régime alimentaire".

Caroline Dieudonné avec AFP