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Les cas de rougeole sont repartis à la hausse en 2023, inquiétude à l'approche des JO

Un vaccin contre la rougeole. (photo d'illustration)

Un vaccin contre la rougeole. (photo d'illustration) - Schneyder Mendoza / AFP

Les cas de rougeole ont très fortement augmenté en 2023 sans toutefois dépasser les chiffres d'avant pandémie de Covid-19. À l'approche des Jeux olympiques, les autorités sanitaires s'inquiètent d'une importation de cas, notamment d'Europe de l'Est.

La rougeole a connu "une recrudescence" en France en 2023, a indiqué ce mercredi 3 avril Santé publique France (SPF), en alertant sur le risque accru de cas importés au moment des Jeux olympiques de Paris cet été.

L'année passée, 117 cas de rougeole ont été déclarés, contre respectivement 15, 16 et 240 en 2022, 2021 et 2020, a précisé SPF dans un bilan annuel. Aucun décès n'a été rapporté.

"Si le nombre de cas a été multiplié par huit par rapport à 2022, il reste encore très limité par rapport à la période pré-Covid", a rappelé l'agence sanitaire.

44% de non-vaccinés

Sur 96 cas éligibles à la vaccination (âgés d'au moins un an et nés depuis 1980) et au statut vaccinal connu, 44% n'étaient pas vaccinés contre la rougeole, les oreillons et la rubéole (ROR), 9% avaient reçu une seule dose, 46% deux doses (le nombre requis), 1% un nombre de doses inconnu.

Maladie virale très contagieuse, la rougeole est souvent bénigne, mais peut entraîner des complications graves, respiratoires et neurologiques. Elle touche surtout des enfants, mais pas uniquement. La maladie se manifeste pas "une forte fièvre, une éruption cutanée et fréquemment des complications ORL ou pulmonaires", explique le site de l'Assurance maladie.

"En France, depuis la dernière épidémie de rougeole en 2018-2019 qui s'était interrompue en 2020 concomitamment à la pandémie de Covid-19, le virus de la rougeole a très peu circulé, occasionnant quelques cas sporadiques isolés", a noté Santé publique France.

Mais, depuis 2022 et particulièrement en 2023, une recrudescence de rougeole est observée dans le monde, après plusieurs années de baisse de la couverture vaccinale, constatée après la pandémie de Covid-19, ce dont l'OMS s'est alarmée en février.

Risque d'importations

En 2023, la France a enregistré "une hausse notable des cas importés" (31 contre 5 en 2022), dont plus de la moitié non vaccinés, ce qui a entraîné "des chaînes de transmission sur le territoire". Sept foyers épidémiques (dont quatre liés à des cas importés) ont été décomptés, le plus important en Auvergne-Rhône-Alpes, avec 64 cas entre août et novembre.

Les cas importés peuvent être à l'origine de chaînes de transmission dès lors que ces cas rencontrent des individus qui ne sont pas immunisés contre la rougeole", souligne auprès de BFMTV Laura Zanetti, responsable adjointe de l'unité maladies respiratoires et vaccination à la Direction des maladies infectieuses de Santé Publique France.

"On est particulièrement vigilant à vérifier les poches de populations qui sont encore réceptives au virus et qui peuvent donc se contaminer par le biais d'une réintroduction du virus en France et diffuser auprès de contacts qui sont eux-non vaccinés", poursuit-elle.

Vigilance renforcée à l'approche de la compétition

Santé publique France alerte en outre qu'"à l’aube de l’accueil en France de millions de visiteurs étrangers à l’occasion de Jeux Olympiques et paralympiques de Paris 2024 et alors que des épidémies de rougeole sévissent en Russie et Europe de l’est, notamment en Roumanie, le risque d’importation augmente".

"On s'attend effectivement à un risque d'importation qui soit multiple et répété durant la période de ces Jeux olympiques et paralympiques", confirme Laura Zanetti à BFMTV.

Ce mercredi, la Direction générale de la Santé a appelé les professionnels de santé à une "vigilance renforcée dans le cadre de la recrudescence de la rougeole en Europe et en France".

"Tout cas cliniquement évocateur (y compris avant résultats biologiques) doit faire l’objet d’un signalement sans délai au point focal régional de l’Agence Régionale de Santé", indique la DGS dans un document que BFMTV a pu consulter.

La DGS demande également de "procéder à la vérification du statut vaccinal" des patients, alors que la vaccination reste la seule protection efficace contre la rougeole, faute de traitement.

François Blanchard et Caroline Dieudonné avec AFP