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Covid-19: pourquoi le gouvernement mise sur un renforcement massif des tests

En milieu de journée, Gabriel Attal avait détaillé plusieurs mesures afin d'augmenter l'offre de tests aux Français.

Face à la situation sanitaire et l'explosion des cas de Covid-19 en France, le gouvernement a décidé booster son dispositif. Invité de BFM Politique ce dimanche, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a ainsi annoncé "un plan de renforcement de notre politique de tests", qui doit se déployer incessamment. Une volonté de tester en masse qui se traduit par l'ouverture de nouveaux centres de dépistage ainsi qu'un allongement de la liste des professionnels en charge des prélèvements.

"C’est un budget important, mais si on ne faisait pas de tests, qu’on laissait l’épidémie galoper encore plus, qu’on se retrouvait à prendre des mesures de fermeture et indemniser les gens, je ne suis pas sûr que ça coûterait moins d’argent. Le test c’est quand même un outil essentiel de maîtrise de cette épidémie et on l‘assume", a-t-il justifié à notre antenne.

Contacté par BFMTV, le ministère des Solidarités et de la Santé a explicité la stratégie du gouvernement, qui tranche notamment avec celle d'Israël qui compte allège sa politique de dépistage pour "apprendre à vivre" avec le coronavirus. L'argument principal de l'autorité sanitaire est le suivant: lors de la première semaine de janvier, ce sont 9,5 millions de tests qui ont été réalisés dans le pays, un chiffre important, qui prouve que le système est capable de supporter la demande. L'objectif derrière les annonces de Gabriel Attal est donc double: améliorer le processus et, surtout, soulager le personnel.

"On va demander l'ouverture de centres de dépistage près des centres de vaccination", afin qu'à des moments creux de vaccination, les professionnels sur place puissent réaliser des tests, a ainsi suggéré le porte-parole du gouvernement sur notre plateau.

Aider les pharmacies...

Le gouvernement souhaite également augmenter le nombre de pharmacies qui proposent des tests antigéniques. A date, 60% des officines organisent ces derniers, mais le ministère estime que ce chiffre peut-être encore augmenté et encourage les professionnels à pousser les murs tout en faisant appel à leur responsabilité. Pour les autorités, il s'agirait d'un effort court, le temps que le pic de cette nouvelle vague - attendu pour la mi-janvier selon Arnaud Fontanet - soit passé.

"On va garantir aux 6000 pharmacies qui ne font pas de tests antigéniques et d'autotests qu'on indemnisera les stocks qu'elles auraient commandés et qu'elles ne vendraient pas" et "permettre aux pharmaciens de créer leurs centres de dépistage" a assuré Gabriel Attal sur notre antenne.

... et les laboratoires

En ce qui concerne les laboratoires, la main d'oeuvre fait actuellement grandement défaut par rapport à la forte demande. Pour cela, l'exécutif a publié un décret qui permet aux étudiants en master de biologie de procéder aux prélèvements. Aucun chiffre n'a été communiqué quant à la main d'oeuvre que ce renfort représente.

Hors de question, donc, pour le ministère de desserrer la vis face à un variant Omicron potentiellement moins dangereux. Si ce dernier est majoritaire dans le pays, le variant Delta est toutefois lui aussi encore présent.

Enfin, en multipliant les tests, le ministère des Solidarités et de la Santé compte sur la responsabilité des Français. Ainsi, une personne qui se sait positive sera bien plus vigilante le temps de redevenir négative.

Les professionnels de la santé circonspects

Cependant, le plan de bataille du gouvernement ne semble pas entièrement convaincre les professionnels de la santé. "J’y crois pas, je suis vraiment désolé de le dire mais je ne crois pas que ce que dit monsieur Attal va se réaliser", réagit sur notre antenne Phiippe Froguel, professeur de médecine au CHU de Lille et à l’Imperial College de Londres.

"Une grande partie de pharmacies n’ont pas la place, le personnel pour faire ça, on ne passera pas de 60% à 90%, et il n’y a pas de personnel suffisant dans les laboratoires de tests", assure-t-il, soulignant que la possibilité d'employer des étudiants en master était "une anecdote".

Selon ce professionnel de la santé, le dispositif le plus efficace serait de proposer des autotests de manière massive, afin d'effectivement soulager les laboratoires et pharmacies.

"Je vois bien que ce qui marche c’est les autotests, à la différence de la France, le Royaume-Uni fait confiance à sa population pour reporter les résultats et s’isoler. On a autorisé les supermarchés [en France, NDLR] à en vendre mais on les a privés [les autotests, NDLR] de toute légitimité car il faut de toutes façons faire la queue pour faire un test et confirmer les résultats", souligne-t-il encore.

En tout cas, "10 millions" d'autotests "supplémentaires" seront distribués la semaine prochaine aux pharmacies, a également fait savoir Gabriel Attal ce dimanche midi.

Kelly Laffin avec Hugo Septier