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Ce que l'on sait de BA.2, ce sous-variant d'Omicron déjà identifié en France

Cette nouvelle mutation du Covid-19, identifiée en France, est majoritaire au Danemark et en Inde. Contagiosité, virulence... faut-il s'inquiéter de l'émergence de ce "petit frère" d'Omicron?

Alors qu'en France, le variant Omicron "commence à marquer le pas" dans les premières régions où il est apparu, comme l'a fait savoir Jean Castex jeudi soir, un de ses sous-variants est déjà scruté de près par les autorités sanitaires.

Baptisé BA.2, ce sous-variant est aujourd'hui majoritaire au Danemark et en Inde. Dans le royaume scandinave, les nouvelles contaminations sont d'ailleurs reparties à la hausse ces derniers jours. En France, sa présence est attestée. BFMTV.com fait le point sur ce que l'on sait, et ce qu'on ignore encore de cette nouvelle mutation.

• "Petit-frère" d'Omicron

Pour évoquer BA.2, les épidémiologistes parlent d'un sous-variant d'Omicron, lui-même étant un variant de la souche originelle de Sars-CoV-2 apparu à Wuhan en Chine à la fin de l'année 2019.

Concrètement, cela signifie que BA.2 est issu d'une mutation du variant Omicron. Également intitulé BA.1., BA.2 reprend les principales caractéristiques d'Omicron, mais présente des mutations spécifiques, selon le site CoVariants, qui rassemble les données issues de la plateforme Gisaid, une base de données lancée par des chercheurs internationaux.

Selon les scientifiques, BA.2 présente donc six mutations additionnelles sur sa protéine Spike. Cette protéine est celle qui est utilisée par le virus pour pénétrer les cellules humaines, et celle qui est visée par les vaccins.

• Une souche encore plus transmissible?

D'abord présent en Asie - BA.2 est majoritaire aux Philippines et en Inde, ce nouveau-variant est apparu en Europe en décembre dernier, où il a progressivement gagné du terrain.

Au Danemark, BA.2 est particulièrement surveillé. Le pays, qui a connu l'arrivée sur son territoire d'Omicron en même temps que le Royaume-Uni, connaît depuis ces derniers jours une reprise des contaminations.

Le royaume scandinave, qui séquence beaucoup plus que la France (terme renvoyant à la technique utilisée en laboratoire pour surveiller l'apparition de nouveaux variants), a établi que cette nouvelle souche était devenue majoritaire sur son territoire.

"Si BA.2 a pris le pas sur BA.1, c'est que peut-être il est plus transmissible. Donc il va se transmettre, et on va avoir beaucoup de cas", a mis en garde sur BFMTV Jean-Louis Teboul, chef de service médecine intensive et réanimation à l'hôpital Bicêtre à Paris.

Ainsi, même si le lien de causalité reste à établir, des épidémiologistes s'interrogent. Et si la reprise des nouvelles contaminations au Danemark était liée à la massification du sous-variant BA.2 dans le pays?

"Il y a une progression très forte de ce variant qui semble extrêmement contagieux", a indiqué sur BFMTV l'épidémiologiste Antoine Flahault sur notre antenne.
"On peut penser que ce sous-variant, qui semble extrêmement contagieux, risque de prendre le dessus aussi en France", a mis en garde sur BFMTV l'épidémiologiste et directeur de santé globale de l'Université de Genèêve Antoine Flahault.

• Il "ne semble pas plus virulent"

Quant à sa sévérité, l'épidémiologiste Antoine Flahault s'est pour l'instant montré plutôt rassurant. Il a affirmé sur BFMTV que le variant BA.2 répondait "bien au vaccin vis-à-vis des formes sévères de la maladie. Et puis il ne semble pas être plus virulent. On a pas de description de la part des Danois de nouveaux symptomes", a ajouté le spécialiste.

Mais sur ce sujet, comme sur celui de sa transmissibilité, les chercheurs n'ont pas encore le recul nécessaire pour présenter des conclusions probantes. L'Organisation mondiale de la santé (OMS), qui a classé Omicron comme "variant préoccupant", ne fait à ce stade pas de distinction avec le sous-variant BA.2.

· Un variant qui "ne change pas la donne" pour le moment

BA.2 se manifeste alors que le gouvernement a prévu de lever la grande majorité des mesures de freinage épidémique d'ici au 16 février, comme cela a été annoncé jeudi soir par Jean Castex et Olivier Véran.

Interrogé à ce sujet en conférence de presse, le ministre de la Santé a déclaré: "il y a des variants assez régulièrement. [...] Pour ce que nous savons, il (BA.2, ndlr) correspond peu ou prou aux caractéristiques que nous connaissons d'Omicron. Il n'y a pas à ce stade de connaissance sur des risques de contagiosité vis-à-vis de celles et ceux qui ont déjà contracté Omicron". Et d'ajouter qu'il ne changeait pas la donne pour le moment.

Face à ces premières données, Santé Publique France a toutefois annoncé lors d'un point presse vendredi qu'elle surveillait de près BA.2 les données transmises par le Danemark.

"Ce qui nous intéresse, c'est s'il possède des caractéristiques différentes en termes de contagiosité, d'échappement immunitaire ou de sévérité", a indiqué l'agence.

À ce jour, BA.2 est encore très peu présent dans les séquençages réalisés en France. Néanmoins, l'Hexagone a proportionnellement très peu recours à cette technique, contrairement à certains de ses voisins européens.

Jules Fresard